Planet in Focus – Up in Smoke

Matthew Higginson, LEAF
Voyez d’autres comptes rendus de films présentés dans le cadre du festival de films Pleins feux sur la planète, parrainé par le WWF.
Si vous n’avez pas encore vu son film Up in Smoke, vous ne comprenez sans doute pas de quoi il est question. L’arbre dont je parlais est l’Inga, une essence indigène de la forêt humide du Honduras, et qui pourrait offrir la solution à la destructrice agriculture itinérante sur brûlis pratiquée par la population. Cet arbre croît très rapidement et il est utilisé dans le cadre d’une technique appelée la culture en bandes alternées, une approche qui permet de nourrir la terre naturellement, d’éliminer les mauvaises herbes, et qui pourrait être la clef d’une agriculture durable en Amérique centrale.
https://www.vimeo.com/29369283
Mais revenons en arrière un moment et examinons le contexte. Pouvez-vous imaginer la destruction d’une fourmillante et magnifique forêt humide, rendue indispensable pour avoir juste de quoi manger? La pratique de l’agriculture itinérante sur brûlis, un processus qui consiste à défricher des terres riches pour y effectuer une culture temporaire, est une triste réalité dans de nombreux pays en développement. Après une saison de culture, la terre devient stérile et les paysans passent à une autre partie de la forêt pour y répéter le processus. C’est cette réalité qui a déclenché quelque chose chez Adam Wakeling et, au fil de ses rencontres avec Mike Hands – écologiste tropical et surnommé le génie compulsif –, Faustino Reyes – paysan adepte de la culture en bandes alternées et philosophe du sommet de la montagne –,  et  Aladino Cabrera – paysan itinérant sur brûlis et bon père de famille, l’on comprend que son intérêt s’est petit à petit mué en passion.
« Je ne veux pas utiliser des pesticides, je ne veux pas brûler la terre, mais quelle est l’alternative? » demande Aladino Cabrera, que l’on vient de rencontrer.  En fait, l’agriculture itinérante sur brûlis est illégale au Honduras, mais bien des gens y ont recours parce qu’ils ne voient pas d’autre moyen de produire de quoi se nourrir. Outre son caractère illégal, cette méthode de culture produit annuellement plus de gaz carbonique que le transport aérien à l’échelle mondiale – cela donne froid dans le dos, mais cela sonne également une sonnette d’alarme.
Le film Up in Smoke, tourné sur une période de quatre ans par Adam Wakeling, suit le parcours d’Aladino Cabrera, paysan désenchanté par les méthodes d’agriculture pratiquées dans sa région, et celui de Mike Hands, qui tente de trouver des appuis à sa découverte auprès de nouveaux investisseurs et agriculteurs.
À un certain moment, Faustino Reyes – le premier agriculteur à mettre en pratique la méthode de culture en bandes alternées de Mike Hands – nous demande en rigolant : « De quelle couleur est la chance?  La chance n’a pas de couleur, car elle n’existe pas. » Selon sa philosophie, nos vies sont déterminées par les choix que nous faisons.
Ces scènes-là sont des moments forts du film, et l’on sent bien le niveau de confiance qui s’est établi entre le réalisateur et ses sujets. L’on assiste au moment où Aladino Cabrera casse un œuf sur la tête de sa fille le jour de ses 18 ans – « une tradition que l’on ne se vit qu’une fois » déclare-t-il. Ces scènes servent à alléger le propos par ailleurs plutôt sombre du film, qui ne nous laisse jamais oublier qu’un sérieux virage doit être entrepris.
C’est assez émouvant de voir Mike Hands consacrer les économies d’une vie et 25 ans de sa vie à tenter de faire connaître et reconnaître une pratique dont il est convaincu des bienfaits, et l’on a de la peine pour lui. Mais il est tout aussi émouvant – et positivement cette fois – de voir l’homme qui avait mis le feu à la montagne au début du film aider son fils à grimper dans les Ingas qu’il a lui-même plantés. La chance n’a peut-être pas de couleur, mais elle peut tourner, on dirait.
Pour plus d’information sur le travail réalisé dans ce domaine, ou pour savoir comment vous pouvez aider, rendez-vous au  https://upinsmoke.tv.