Les colonies végétales marines

Il faut dire que « à côté de chez moi », c’est la rivière Skeena, l’une des plus grandes rivières de la Colombie-Britannique et l’une des rivières sauvages les plus en santé au Canada. Aucun barrage ne vient troubler son débit et elle n’est pratiquement pas touchée par l’activité industrielle ou agricole. La Skeena abrite encore une population impressionnante de saumons, et l’on y pratique la pêche commerciale et récréative.
L’estuaire, où la Skeena rencontre la mer, est un endroit déterminant pour la santé des écosystèmes en aval de la rivière et des écosystèmes marins. Ces 20 millions de saumons passent de plusieurs mois à une année (selon l’espèce) dans l’estuaire. Pourquoi? Parce que les estuaires sont, fondamentalement, des endroits parfaits pour eux – ils y trouvent de la nourriture en abondance, une protection relative contre les prédateurs, et c’est un bon endroit où se « faire les dents » avant de s’engager vers le Pacifique Nord.

Blé de mer (c) Mike Ambach/WWF-Canada
La zostère marine, ou blé de mer (Zostera marina), fait partie intégrante de l’habitat de l’estuaire. Cette herbacée vivace pousse sous l’eau et en zone intertidale, et forme de grandes colonies qui abritent diverses espèces marines – jeunes saumons, poissons chandelles, crabes, et divers invertébrés. Le travail du WWF dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique s’est concentré sur la cartographie du blé de mer et autres habitats des battures. Nous avons pu avec le temps dresser un portrait plus juste du rôle du blé de mer dans cette région, et de la nécessité de mettre en place des mesures de gestion pour en assurer la protection.

Plus récemment, nous avons travaillé avec Ocean Ecology, un groupe qui mène des travaux de recherche sur une base contractuelle, et à qui nous avons demandé d’effectuer des relevés par vidéo des colonies de blé de mer atour des îles Lucy – site de conservation et aire importante de protection d’oiseaux pour le macareux rhinocéros  (un oiseau marin parent du macareux moine et qui se nourrit de poissons et d’invertébrés de l’estuaire). Cliquez ici pour un survol de ces travaux ainsi que des extraits de vidéos. Ces recherches ont permis de circonscrire des zones où le blé de mer est en santé et abondant et que la cartographie antérieure n’avait pas relevées, et de mieux comprendre certains facteurs les plus susceptibles d’influer sur la santé de ces colonies d’herbacées (courants de marée, sédiments distribués par l’estuaire, turbidité, etc.). Les résultats de ces recherches seront présentés par Barb Faggetter, une des chercheuses d’Ocean Ecology, au cours du forum BC Protected Areas Research Forum en décembre.
Pêches et Océans Canada a une politique de zéro perte nette en ce qui touche au blé de mer – autrement dit, tout habitat de blé de mer détruit par une activité quelconque doit être restauré ou replanté ailleurs. Cependant, la restauration n’a connu qu’un taux de réussite modeste dans notre région. En matière de développement, l’ensemble de la région a connu une hausse du transport et des infrastructures s’y rapportant, alors plus on en sait sur les besoins et la vulnérabilité du blé de mer, mieux nous pourrons agir pour en réduire la perte et intégrer dans la planification ses nombreux avantages en termes de services aux écosystèmes.
Nombre de ressources sont disponibles où vous pourrez en apprendre davantage sur le rôle essentiel  que jouent ces colonies végétales marines dans les écosystèmes. Allez faire un tour sur le site de Seaweb pour avoir un portrait global des graminées marines.  Pour un portrait de la situation en Colombie-Britannique, rendez-vous sur le site de Seagrass Conservation Working Group.