Une réglementation environnementale stricte au secours d’une planète et de rivières… vivantes

Au moment de la publication de notre 8e Rapport Planète vivante bisannuel le 15 mai dernier nous avons été confrontés, une fois de plus, à la vérité toute nue : nous récoltons de notre planète davantage qu’elle peut produire. En termes techniques, ce phénomène s’appelle le « dépassement écologique », qui se mesure en comparant l’empreinte large et croissante de l’humanité et la capacité de la Terre de produire les ressources naturelles et de procurer les services écosystémiques dont dépendent notre vie et notre survie. Nous sommes en dépassement écologique depuis 1970, et l’écart entre l’offre de la Terre et notre demande ne cesse de se creuser.
La Niagara coulant en direction du lac Ontario, à gauche le Canada, en face les États-Unis.          © Frank PARHIZGAR / WWF-Canada

Une des données qui m’a le plus frappé, c’est le recul à l’échelle mondiale de la biodiversité dans les milieux d’eau douce … la perte est de 37 % depuis 1970! Dur dur de ne pas se décourager face à une tendance d’une telle ampleur. Mais je tiens bon, parce que je sais qu’en nous appuyant sur les connaissances scientifiques disponibles, en mettant tous l’épaule à la roue et en visant un but commun, nous pouvons modifier le cours des choses.
Prenons pour exemple un cours d’eau dont l’importance pourrait sembler négligeable : Marden Creek, dans la région de Guelph, en Ontario. Ce petit cours d’eau, que plusieurs ne considèrent que comme un ruisselet sans importance, abritait il y a un siècle à peine une population florissante de truites d’eau douce. Puis, pendant un siècle, plus rien. Jusqu’à ce que le regroupement Trout Unlimited décide de faire quelque chose et de restaurer ce petit système d’eau douce; les petits barrages ont été démolis et des mesures ont été mises en place pour restaurer l’habitat de la truite et lui permettre de frayer, de se nourrir et de s’y réfugier. Et pour  la première fois depuis un siècle, le ruisseau coule de nouveau… et la truite est revenue! Au WWF, nous sommes très heureux d’avoir pu jouer un petit rôle dans ce projet.
Si nous voulons renverser la tendance en matière de biodiversité dans les écosystèmes d’eau douce, nous devrons mener beaucoup beaucoup plus de projets de restauration des habitats et de rétablissement des écosystèmes, et déployer tout autant d’efforts pour protéger les systèmes qui sont encore en santé et productifs. Pour cela, nous aurons besoin d’une réglementation environnementale stricte qui s’appuiera sur la connaissance scientifique,  la collaboration et un but commun. Or, nous le savons, la réglementation canadienne en matière d’environnement se transforme elle-même en une espèce menacée. Je suis particulièrement inquiet des amendements proposés à la Loi sur les pêches, qui auront pour seul effet d’affaiblir les mesures de protection des habitats des poissons, et limiteront la portée de la protection à des pêches commerciales, sportives et autochtones… qui restent encore à définir.
Ces changements semblent peut-être inévitables, mais de plus en plus de voix s’élèvent dans le cadre de la  campagne Silence, on parle. Je vous invite ardemment à joindre votre voix à celle de ce mouvement.
Pour ma part, je ferai part de mes inquiétudes au sujet des amendements à la Loi sur les pêches auprès des membres du Parlement et du Sénat canadiens, au cours des audiences du Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles, ainsi qu’à un Sous-comité sur le projet de loi C-38 (Partie III) du Comité permanent des finances.
Aujourd’hui plus que jamais, nous devons tous nous porter à la défense de notre environnement et de nos cours d’eau. Ne ratons aucune occasion de le faire.