Un rapport dénonce l’inaction canadienne au chapitre des changements climatiques

« Le Canada n’atteindra pas sa cible de réduction des émissions de GES en 2020 s’il ne prend pas en plus d’autres mesures d’envergure. Il faudra faire plus pour atteindre la cible, c’est inévitable. »
Telles sont les premières constatations du rapport.

C’est le ministre fédéral de l’Environnement, M. Peter Kent, qui avait initialement chargé la Table ronde de ce rapport, qui examine ce que fait chacune des provinces et des territoires en matière de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (GES), et comment ces mesures aideront le Canada à atteindre les cibles fixées pour 2020. Voilà un projet important, car il s’agit bien de la première fois qu’un rapport évalue l’impact de toutes les politiques provinciales et fédérale liées aux cibles de réduction des émissions canadiennes. Le Canada s’était fixé pour cible de réduire de 17 % d’ici 2020 ses émissions de GES par rapport au niveau de 2005, ce qui était déjà considéré comme une cible bien modeste par rapport à celle de plusieurs autres pays. Or si nous avons bien réalisé quelques progrès, il faudra faire bien davantage et réduire nos émissions de manière notable pour éviter les pires impacts du réchauffement climatique.
Le rapport soumis par la Table ronde sur l’environnement et l’économie tire une conclusion qui sautait pourtant aux yeux : se fixer une cible nationale exige la mise en place d’une politique climatique nationale. Autrement dit, on dresse un plan de réduction des émissions, on adopte une stratégie nationale durable en matière d’énergie. Étant donné que l’essentiel des émissions contribuant au réchauffement climatique provient de la consommation d’énergie, la mise en place d’une stratégie énergétique est essentielle à l’application efficace d’une stratégie climatique, et vice versa.
Le gouvernement de la Norvège a déclaré que c’est parce que le pays est un producteur de pétrole que son gouvernement a la responsabilité explicite d’agir en matière de changements climatiques. Autre exemple, le Mexique, qui produit également du pétrole – et qui est un pays en développement – vient d’adopter une loi très avant-gardiste et ambitieuse en matière de changements climatiques. Pendant ce temps, le Canada regarde passer le train.
Que doit faire le Canada pour atteindre sa cible? Le Canada, comme entité globale, n’atteindra pas sa cible sans l’Alberta, et l’Alberta à elle seule ne suffira pas. Néanmoins, l’abandon progressif du charbon en Alberta, comme a entrepris de le faire l’Ontario, représente un élément important de l’équation.  Les actions menées en Ontario dans le cadre de son engagement unanime à abandonner le charbon sont les mesures qui ont produit la plus forte baisse d’émissions non seulement au Canada, mais dans toute l’Amérique du Nord. Une telle action, soutenue par une stratégie énergétique nationale comprenant un plan à l’égard des sables bitumineux, est indispensable. Les provinces sont bien sûr responsables des questions entourant l’énergie, le territoire et les ressources naturelles, mais le gouvernement fédéral, lui, a la responsabilité d’adopter et d’appliquer une politique en matière de changement climatique (sur la foi de son devoir constitutionnel de paix, d’ordre et de bonne gouvernance). Voilà un chevauchement qui pourrait être porteur d’un changement positif, si tous mettent la main à la pâte.
Il se passe actuellement deux événements d’importance qui sont étroitement liés au sort des émissions au Canada.

  1. En ce moment, les membres du parlement commencent à voter les amendements au projet de loi C-38, le projet de loi omnibus qui prévoit l’élimination de la Loi de mise en œuvre du Protocole de Kyoto sur les changements climatiques, ce qui nous éloignera encore davantage d’un quelconque plan en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

 

  1. L’on entend de plus en plus parler de la nécessité d’adopter une stratégie énergétique durable à l’échelle nationale. L’idée est défendue avec ardeur par Alison Redford, la première ministre de l’Alberta. Le Conseil de la fédération réunira en juillet  tous les premiers ministres et une rencontre des ministres de l’énergie est prévue à l’automne. Le temps est venu pour les provinces de prendre les devants et d’élaborer ensemble une stratégie énergétique durable à l’échelle nationale. Il s’agit là d’une formidable occasion de mettre le Canada sur la voie d’une réduction réelle et accrue de ses émissions de GES.

En définitive, nous devons mener une discussion pancanadienne sur les moyens de faire davantage. Il nous faut impérativement faire plus. Le reste du monde agit et nous faisons du surplace. Nous attendons du premier ministre et de son cabinet qu’ils nous disent ce que le gouvernement du Canada entend faire en réponse à l’importante et révélatrice analyse qui vient de lui être soumise. Le plan dont nous disposions ne suffit pas… où est celui qui nous mènera dans la bonne direction? Comment le gouvernement fédéral entend-il appuyer les progrès réalisés à ce jour par les provinces et les territoires? Voilà des questions qui seront posées au cours des semaines à venir.
Zoe Caron a donné une entrevue à la chaîne CTV le 13 juin sur ce sujet : https://watch.ctv.ca/news/latest/climate-change/#clip699627