Combustion du charbon : le Canada assouplit les règles

La plupart des gens à qui j’en parle sont surpris d’apprendre que l’on utilise encore du charbon pour produire de l’électricité au Canada. Ça leur fait penser à une autre époque, celle des rues enfumées de smog de la révolution industrielle. Le Canada a pourtant la capacité – plus que la majorité des pays – d’employer d’autres sources d’énergie plus propres. D’aucuns espéraient que le gouvernement fédéral imposerait une nouvelle réglementation du charbon allant dans cette direction, qui affranchirait complètement notre pays, et pour de bon, des énergies polluantes.
Aujourd’hui, le ministère de l’Environnement du Canada a publié son nouveau règlement relatif à la production d’électricité par les centrales thermiques au charbon, un règlement qui permettra la combustion de charbon au-delà de 2050. Même si les nouvelles règles exigent que les centrales au charbon s’améliorent, l’effet s’en trouvera étalé sur tellement de décennies que leur apport à la lutte aux changements climatiques sera presque nul. Qui plus est, ces règles ne parviendront pas à stimuler une transition vers le remplacement du charbon par des sources d’énergie renouvelables comme cela se fait en Ontario et comme plusieurs autres pays dans le monde ont réussi à le faire.

« Nous n’avons pas beaucoup de possibilités d’agir sur les changements climatiques et ça, c’en est une. Cette réglementation sur le charbon semble conçue en dépit des changements climatiques, comme s’ils ne se produisaient pas. »
– Josh Laughren, directeur du programme Climat et énergie, WWF-Canada

Un navire charbonnier fait le plein au terminal portuaire de Ridley Island à Prince-Rupert, en Colombie-Britannique. Les centrales au charbon sont d’importantes sources de GES qui provoquent les changements climatiques menaçant la biodiversité de notre planète. (c) WWF-Canada / Chad Graham

La combustion du charbon produit 11,5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) du pays, selon les données d’Environnement Canada pour 2010. Plus de la moitié de la capacité canadienne de production d’électricité utilisant le charbon se trouve en Alberta. Autrefois, c’était l’Ontario qui possédait la plus grande capacité, mais ces dernières années, grâce à l’engagement qu’a pris la province d’éliminer progressivement toutes ses centrales thermiques au charbon, dix de celles-ci ont été fermées et neuf autres le seront d’ici 2014. Cette capacité perdue de production d’électricité est compensée par des mesures d’efficacité énergétique, des sources d’énergie renouvelables et aussi, dans certains cas, par l’utilisation de gaz naturel relativement moins polluant. L’abandon progressif du charbon par l’Ontario est le plus important projet de réduction des émissions de GES en Amérique du Nord et s’avère un pas déterminant dans la lutte aux changements climatiques.
Les conséquences de la nouvelle réglementation :
Il existe actuellement 36 centrales thermiques au charbon, réparties ailleurs qu’en Ontario, qui seront assujetties aux nouvelles règles fédérales.
1. Les nouvelles normes ne s’appliqueront qu’aux centrales au charbon construites après le 1er juillet 2015. On s’attend à ce que les centrales existantes n’aient pas à se soumettre à la réglementation avant la fin de leur vie utile, soit d’ici 40 à 50 ans selon leur année de construction. Les règles ne seraient ainsi imposées à toutes les centrales canadiennes qu’à compter de 2056 au plus tôt – bien qu’il s’agisse là effectivement d’un plan d’élimination progressive des centrales au charbon traditionnelles, celles-ci pourront continuer de fonctionner et d’émettre des mégatonnes de GES après 2050.
2. Ces nouvelles normes demandent aux centrales au charbon de s’attaquer aux émissions de GES. Elles ont le choix de se convertir au gaz naturel ou à la biomasse, de capter et séquestrer le carbone qu’elles émettent, ou encore de fermer. Aucune centrale traditionnelle qui ne fait que brûler du charbon ne serait en mesure de respecter les nouvelles normes en employant les technologies actuelles.
L’année dernière s’est tenue une consultation publique de 60 jours durant lesquels plus de 5 000 Canadiens ont écrit au ministre fédéral de l’Environnement pour lui demander d’amorcer une importante réduction des émissions de GES grâce à l’abandon progressif du charbon partout au Canada. Comme on le voit aujourd’hui, il faut que davantage de voix se fassent entendre. C’est pourquoi le WWF-Canada invite tous les citoyens à communiquer avec leurs élus, notamment le premier ministre de leur province, pour exprimer leur volonté de vivre dans un pays où l’énergie est plus propre et où l’on agit pour combattre les changements climatiques afin de protéger cette nature précieuse que nous léguerons aux futures générations. C’est une course contre la montre et les changements climatiques se font déjà sentir : nous n’avons plus de temps à perdre!
Communiquez avec votre premier ministre aujourd’hui même :