Pouvons-nous prendre le risque d’ignorer les changements climatiques?

Par Michael Gardiner, étudiant délégué, expédition arctique Students On Ice 2011
Je suis souvent appelé à parler des changements climatiques et en réponse à cette question, j’insiste sur la protection de la biodiversité, la survie de l’agriculture qu’il faut assurer en empêchant les sécheresses et les inondations extrêmes, la spirale de rétroaction positive qu’il faut stopper avant qu’elle ne bouleverse à jamais les écosystèmes de la planète, etc. Il s’en trouve toujours, cependant, pour me renvoyer une de ces réponses toutes faites comme « ce n’est pas ma faute; on n’y peut rien, quoi qu’on fasse; pensez-vous vraiment qu’on peut demander aux gens de changer leur mode de vie? » Oui, certainement, mais c’est plus facile à dire qu’à faire.
Et bien sûr, je continue à militer pour l’environnement en me disant que j’ai peut-être réussi à convaincre au moins quelques personnes (pas une majorité, je l’avoue) que les changements climatiques méritent qu’on s’y attaque. Selon moi, mon plaidoyer ne nécessite l’appui d’aucun autre argument que la perspective d’une extinction massive des mammifères sur Terre par notre faute. À cause de la croissance démographique qui exige de plus en plus de ressources, à cause de notre besoin croissant de nourriture et de la déforestation qui s’ensuit – car il faut bien des champs pour cultiver – et à cause de la pollution provoquée par les pesticides, les métaux lourds comme le mercure et bien d’autres choses encore.
Monaco Glacier, Spitsbergen, Norway

Vêlage d’icebergs au front du glacier Monaco, Liefdefjorden, Spitsberg, Norvège. © Steve Morello / WWF-Canon

Et puis j’ai eu un flash : la meilleure raison de se préoccuper d’enjeux comme les changements climatiques, de s’y intéresser, d’en apprendre davantage à ce sujet et d’agir en conséquence, c’est l’humanité, les gens qui habitent ce « point bleu pâle » qu’est la Terre, comme l’a si bien dit Carl Sagan. C’est à notre connaissance le seul endroit dans tout l’univers où nous pouvons vivre. C’est peut-être aussi le seul endroit où la vie telle que nous la connaissons peut exister. Pourquoi mettre en danger toute la culture, l’art, la musique, la technologie, l’intelligence? Pourquoi prendre le risque de faire disparaître l’humanité?
La vie continuera sans doute. L’étude des strates géologiques nous montre qu’il y a eu plusieurs extinctions massives sur Terre. Elles ont été provoquées par divers phénomènes comme des impacts d’astéroïdes, des éruptions volcaniques, des séismes cataclysmiques et des variations du rayonnement solaire. Au fil de sa longue histoire, la Terre a perdu 99% de toutes les espèces vivantes qui y ont vécu à un moment ou à un autre. La question qui se pose alors est la suivante : voulons-nous appartenir à ce 99% des espèces qui n’ont pas survécu? Et son corollaire : pouvons-nous prendre le risque d’ignorer les changements climatiques?
Je crois que nous sommes plus intelligents que ça. Nous pouvons faire mieux. Partout sur la planète, il y a des gens qui s’affairent à créer un monde meilleur, et ils en sont fiers à raison. Voilà le monde dont je veux faire partie. Voulez-vous m’y accompagner?