Nouveaux massacres d’éléphants, les équipes de conservation sont évacuées

La semaine dernière, nous avons tous été secoués en apprenant la nouvelle de nouveaux massacres d’éléphants de forêt à proximité des zones protégées de Dzanga-Sangha, en République centrafricaine, où la violence règne en maître.
Cette nouvelle fait suite aux conclusions alarmantes d’une récente étude démontrant que le braconnage des éléphants de forêt, pour l’ivoire de leurs défenses, a fait chuter leur population de 62 % en dix ans dans la seule région du Bassin du Congo. a fait chuter leur population de 62 % en dix ans dans la seule région du bassin du Congo.
Dans mon dernier blogue (sur le braconnage des rhinocéros en Inde), j’ai raconté mes voyages en Tanzanie, au Rwanda et au Burundi en 1982, et le choc que j’ai eu à mon arrivée en sol africain en apprenant que le rhinocéros noir avait pratiquement disparu du continent. L’autre surprise de ce voyage avait été la quantité d’ivoire d’éléphants disponible sur le marché en Tanzanie – on en voyait partout, et pas cher. À cette époque, l’éléphant d’Afrique était inscrit à l’Annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (la CITES). Autrement dit, le commerce international de l’ivoire de l’éléphant d’Afrique était légal pour autant que les commerçants détenaient un permis d’exportation valide de la CITES. Mais à cette époque peu de gens connaissaient la CITES, et la plupart des gouvernements n’appliquaient pas la règle du permis très rigoureusement. En discutant avec les sculpteurs qui vendaient l’ivoire des éléphants en Tanzanie,  j’ai constaté que plusieurs d’entre eux savaient que l’éléphant figurait sur la liste de la CITES et ils étaient tout disposés à donner des conseils sur la manière de faire passer les objets en ivoire aux douanes sans permis. Le commerce illégal était monnaie courante, et le braconnage était déjà un problème de taille.
Forest elephant portrait showing rounded ears, straight tusks and hairy trunk in Dzanga Bai, CAR
© WWF-Canon / Carlos Drews
Le braconnage des éléphants s’est poursuivi en Afrique pendant toutes les années 1980, et en 1988 lorsque j’ai commencé à identifier les produits d’espèces sauvages pour la CITES, les produits de l’ivoire d’éléphant constituaient le gros des produits interceptés par les douanes canadiennes.
Puis, en 1990, face au problème croissant du braconnage des éléphants et du commerce illégal de l’ivoire, les pays membres de la CITES ont voté en faveur de l’inscription de l’éléphant d’Afrique à l’Annexe I de la Convention. Le commerce de l’ivoire d’éléphant était dorénavant interdit. Cette importante décision a été diffusée à grande échelle par les médias, et l’impact sur le commerce international de l’ivoire a été immédiat : les prix ont chuté et le commerce international a rapidement décliné. Mieux encore, le braconnage des éléphants a lui aussi reculé de façon marquée. Nombreux sont ceux – moi y compris – qui ont alors cru que le problème était réglé et que le braconnage ne serait plus une aussi grande menace pour les éléphants d’Afrique.
Comme nous avions tort. Au cours des dix dernières années, le braconnage d’éléphants en Centrafrique a explosé. C’est bien malheureux, mais le marché de l’ivoire d’éléphant ne s’est jamais arrêté et ce sont des groupes lourdement armés, le crime organisé et les autorités corrompues qui ont pris le relais et s’en mettent maintenant plein les poches. La situation a atteint un degré tel qu’il est bien probable que l’éléphant de forêt d’Afrique ne s’en remettra pas et qu’il disparaîtra de la face de la terre.
La seule bonne chose à dire est qu’il y a beaucoup de gens dans beaucoup de pays qui travaillent extrêmement fort pour mettre fin au massacre des éléphants et au commerce illégal de l’ivoire. Pour le WWF et TRAFFIC, cette lutte est une priorité mondiale. Nous devons réussir à mettre fin au massacre et assurer la survie de l’éléphant de forêt. Je préfère ne pas penser à un échec.