Leçons à tirer de nos cités malades, pour un avenir durable

Un enfant malade, ça vous tient à la maison. Depuis une semaine, j’ai eu du temps pour lire et réfléchir au sujet de la faillite de la ville de Détroit.  J’essaie d’imaginer comment les habitants de cette ancienne grande ville prospère vivent cette catastrophe. Tristesse, angoisse, impuissance, crainte pour l’avenir, et pas mal de frustration sont sans doute au menu. Et ça ne date pas d’hier, car il y a un moment déjà que ça va mal, et de mal en pis.
On a beaucoup entendu et lu sur les causes de cette déroute. Comment expliquer qu’une ville en arrive à un déficit de 18  milliards de dollars et un des taux de criminalité les plus élevés des États-Unis – 386 homicides pour 100 000 habitants1 ce n’est pas rien. Perte de vitesse de l’industrie? Les syndicats? La corruption? L’exode des résidents?
Ou, peut-être faut-il y voir le manque de leadership et d’obligation de rendre compte, qui ont mené à la création et à l’évolution d’un écosystème municipal invivable à terme? On peut penser qu’en présence d’une vision d’avenir pour cette ville – disons une vision de Détroit en 2050 – les leaders, entreprises, groupes communautaires et entrepreneurs auraient non seulement vu que l’industrie automobile ne pouvait à elle seule assurer, à terme, la survie économique d’une ville de cette taille, et qu’ils auraient pris acte de cet état des choses.
N’auraient-ils pas pris des mesures proactives de diversification de l’économie? Consacrés temps et énergie à la recherche, à l’innovation, à la création de partenariats, de mesures incitatives? Bâties sur les assises d’une communauté forte pour créer tous ensemble un modèle économique viable et, partant, un avenir pour leur ville? Après tout, cela s’est vu ailleurs, notamment à Pittsburgh, dont l’exemple est à retenir2.

Public transit, Calgary, Alberta, CanadaTrain léger sur rail, fonctionnant à l’électricité de source éolienne, filant à toute allure vers le centre-ville de Calgary. Ce train fait partie du réseau de transport collectif de la capitale albertaine.
© Michael Buckley / WWF-Canada

Je parie que vous vous demandez quel rapport tout cela peut-il bien avoir avec le Fonds mondial pour la nature.
C’est triste à dire, mais en matière d’environnement, j’ai l’impression que nous sommes un futur Détroit.
Pourquoi? Parce que je ne vois personne proposer une vision nouvelle qui ouvrira la voie à un avenir durable où humains et environnement s’épanouiront en harmonie. Je vois peu de politiciens admettre que nous nous rapprochons dangereusement d’un réchauffement du climat qui, si nous restons les bras croisés, créera des perturbations catastrophiques qui menaceront nos sociétés, nos amis, nos familles et nos voisins, sans parler du chaos économique qui s’en suivra.
Mais tout n’est pas perdu, heureusement. Nous avons encore un peu de temps devant nous pour investir dans un avenir durable. Il est temps d’arrêter de subventionner les combustibles fossiles et d’investir dans l’innovation et la créativité afin de mettre sur pied une économie fondée sur les énergies renouvelables. Il est encore temps de sauver nos écosystèmes, de protéger la région du Grand Ours et Anticosti, nos cours d’eau et nos océans.
Mais nous avons besoin de visionnaires, de leaders visionnaires. Et nous, citoyens, devons exiger de nos élus et leaders qu’ils rendent compte de leurs décisions afin d’assurer un avenir viable. Nous devons travailler à comprendre, étudier et exiger des solutions concrètes aux enjeux criants de notre planète.
Je suis certaine que c’est réalisable. Pas facile, mais réalisable si nous nous y mettons tous, si nous nous consacrons à chercher des solutions concrètes aux problématiques bien réelles que nous devrons surmonter. C’est à nous qu’il appartient, à nous et à nos leaders, de nous prendre en main et d’assumer notre responsabilité envers l’avenir de notre monde.
1 https://www.policymic.com/articles/22686/america-s-10-deadliest-cities-2012
2 https://krugman.blogs.nytimes.com/2013/07/21/a-tale-of-two-rust-belt-cities