Prenons la barre : les changements climatiques et les océans du Canada

J’étais récemment en compagnie d’un groupe d’employés et de sympathisants du WWF-Canada à bord d’un voilier, et nous avons dû nous réfugier dans un port sûr pour échapper aux vents d’ouragan qui soufflaient sur les côtes du nord de la Colombie-Britannique. Nous étions en sécurité, bien à l’abri, mais la situation était quand même préoccupante, car c’était une tempête de type hivernal… en plein été!
L’intensification des systèmes de tempêtes n’est qu’un des nombreux effets prévus des changements climatiques provoqués par les humains. Le dernier rapport du GIEC (en anglais) confirme que les activités humaines entraînent le réchauffement des températures, la hausse du niveau des océans et la fonte des glaciers. Ces changements auront des impacts bien visibles sur terre et nous les ressentirons. Mais les changements qui se produisent dans les mers du globe – invisibles et ignorés de la plupart des gens – pourraient s’avérer encore plus inquiétants.

Dauphins_9325_smallDauphins à flanc blanc du Pacifique © Natalie Bowes/WWF-Canada

Les modifications des températures, de la biochimie et des courants océaniques se font déjà sentir à tous les niveaux des écosystèmes marins, des récifs de corail tropicaux à la banquise de l’Arctique. Ici même, au Canada, les mollusques risquent d’être affectés par une sorte d’ostéoporose marine à cause de l’acidification des océans, tandis que la raréfaction de l’oxygène dans l’eau éloignera les poissons de fond très prisés par l’industrie des pêches. En tant que pays baigné par trois océans, responsable de plus de zones côtières que toute autre nation au monde, le Canada a beaucoup à gagner s’il passe à l’action dès maintenant pour prévenir les pires effets des changements climatiques sur les milieux marins.
Les données scientifiques le confirment et il n’en tient qu’à nous d’agir en conséquence, comme l’a souligné le Président et chef de la direction du WWF-Canada David Miller dans un récent blogue. Heureusement, comme sur la terre ferme, on peut faire bien des choses dans l’eau pour aider à protéger nos écosystèmes marins aussi riches que vitaux. Voici quelques-unes de recommandations avancées dans le rapport de 2012 du WWF-Canada (en anglais) sur l’effet des changements climatiques dans les écosystèmes marins de la côte du Pacifique :

  • Nous pouvons prendre des mesures pour protéger ce que nous avons. En créant plus d’aires marines protégées, en particulier dans des zones stables ou à l’abri en raison de la géomorphologie du lieu – des sortes de refuges climatiques – et en atténuant les facteurs de stress (pollution, bruits sous-marins, etc.), nous pouvons donner assez d’espace aux poissons et aux écosystèmes marins pour qu’ils conservent leur vigueur.
  • Nous pouvons améliorer notre compréhension et partager nos connaissances. Une bonne part de ce qui se passe dans l’océan demeure un mystère. Mais nous pouvons en faire plus pour surveiller les changements, comme les fluctuations des prises de pêche et la répartition des espèces, de manière à pouvoir mieux réagir. Au WWF-Canada, nous diffusons des trousses en ligne (en anglais) permettant de partager ce que nous apprenons au sujet des impacts des changements climatiques sur les océans.
  • Nous pouvons essayer de nouvelles solutions. Des chercheurs scientifiques s’affairent à mettre au point des techniques visant à aider les écosystèmes et les espèces à s’adapter aux effets des changements climatiques. Entre autres méthodes, ils préconisent la culture d’herbiers de zostère marine dans les zones qui seront submergées avec la montée des eaux; il y a aussi la création de digues vivantes comme des récifs d’huîtres et des lits de varech pour protéger le rivage des vagues plus agressives.
  • Et l’on peut planifier à long terme. Nous pouvons élaborer des plans de gestion océanique plus intelligents qui nous aideront à mieux bénéficier des richesses de la mer tout en réduisant notre impact. En travaillant de concert, les gouvernements, les industries, les scientifiques et les collectivités riveraines peuvent mettre au point des plans d’utilisation multiple combinant les objectifs économiques, sociaux et environnementaux.

À bord de notre voilier, nous étions persuadés que le capitaine et l’équipage sauraient nous ramener à bon port malgré la tempête. Les changements les plus profonds sont en train de se produire dans nos océans et nous sommes de quart. Il est temps que le Canada assume ses responsabilités et prenne la barre du vaisseau.

Phoque_3021-1_smallPhoque commun ©Tim Irvin/WWF-Canada