Ne soyez pas poisson : optez pour des produits de la mer durables

Par Andrea Moore de Fix.com
La demande de poisson est forte. Le poisson est un super-aliment riche en acides gras oméga-3. Cependant, des pratiques de pêche non durables pourraient un jour avoir raison de la capacité des océans de satisfaire à la demande. Apprenez comment choisir des produits de la mer qui sont bons pour votre santé et protègent la santé des océans en même temps.

Un banc de grandes bécunes (Sphyraena forsteri) dans du récif de Tubbataha, mer de Sulu, Palawan, Philippines. © Jürgen Freund / WWF-Canon

Des poissons, où ça des poissons?

Si vous avez déjà été à la pêche, vous savez que c’est un sport qui exige de la patience. Après des heures de planification, le choix d’appât, la pêche à la turlutte et la pêche au filet dérivant, vous risquez quand même de revenir bredouille à la fin de la journée et de devoir vous contenter de faire cuire des hot-dogs. Ça relève donc presque du miracle qu’on réussit à pleinement approvisionner des supermarchés partout dans le monde en produits de la mer en tout temps. Comment cela est-il même possible? Bien, l’industrie de la pêche a quelques trucs dans sa manche, dont quelques sales coups.

Une histoire de pêches

Il y a des années, lorsque les stocks de poissons abondaient, c’était relativement facile pour d’habiles pêcheurs de pêcher assez de poissons pour nourrir leur famille et approvisionner les marchés du matin. En 1950, la consommation humaine de ressources halieutiques se chiffrait à un peu moins de 20 millions de tonnes. Cependant, à mesure que la demande de produits de la mer a augmenté, les pêcheurs ont dû recourir à de nouvelles méthodes de pêche pour arriver à suivre. Grâce à l’avancement de la technologie et de la science, les pêcheurs ont eu accès à des bateaux de plus grande capacité de même qu’à des filets, casiers et chaluts plus efficaces. De même, l’invention du sonar et la recherche en ichtyobiologie ont permis de découvrir et de mieux comprendre les mystères des océans. En 2010, soit 60 ans plus tard, la consommation humaine de ressources halieutiques atteignait près de 130 millions de tonnes et 20 millions de tonnes supplémentaires servaient à des fins non alimentaires. Nous aimons vraiment notre poisson (et c’est parfaitement normal vu que ça goûte bon et que c’est bon pour la santé), mais à quel prix?

Consommation mondiale de produits de la mer pour l’alimentation humaine

Quant aux sales coups

Ces nouvelles technologies ont manifestement permis d’augmenter les captures d’espèces de poissons visées; toutefois, elles ont également eu pour effet d’augmenter les captures d’espèces non visées (captures accessoires) et d’endommager des habitats ce faisant. Aujourd’hui, de jeunes poissons, tortues et oiseaux ainsi que des poissons sans valeur commerciale se font aussi prendre dans les mailles du filet. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je serais moins impressionnée par mon ami ayant pêché un poisson de 30 livres si j’apprenais qu’il avait traîné un filet partout dans le lac, étalé tout ce qu’il avait pris dans son filet sur le quai et trié les poissons jusqu’à ce qu’il trouve le plus gros. Ce faisant, il aurait saccagé l’écosystème entier.

Que dire de la pisciculture?

Les pratiques de pêche sont devenues si efficaces qu’aujourd’hui 85 pour cent des stocks de poissons marins sont soit pleinement exploités, soit surexploités, soit épuisés, soit en voie de rétablissement après avoir été épuisés. Il ne reste donc que 15 pour cent de marge de manœuvre pour la croissance (et ce n’est pas pour le saumon ou le thon). Une telle pêche n’est pas durable; l’industrie a donc adopté la pisciculture comme solution au problème. En théorie, tout semble parfait. Cependant, comme c’est le cas avec l’élevage du bétail, la pisciculture soulève nombre de problèmes de maladie et de pollution qui doivent être évalués et scrupuleusement contrôlés.

État des stocks mondiaux de poissons (2008)

La bonne nouvelle

Le portrait est loin d’être rose, mais la cause n’est pas encore désespérée. On dénombre de nombreuses pêcheries durables, y compris parmi les fermes piscicoles. Il existe des programmes de certification de l’aquaculture durable, l’Aquaculture Stewardship Council (ASC) et des produits de la mer durables en général, le Marine Stewardship Council (MSC). On peut aussi trouver des listes de recommandations, comme celles de Seafood Watchet SeaChoice.

Et maintenant tous ensemble

Les pêcheurs font des efforts, les scientifiques aussi. Mais c’est maintenant à nous – citoyens – d’accorder autant d’importance à la certification « durable » lorsque nous achetons des produits de la mer que nous accordons à la certification « biologique » dans les autres rayons du supermarché.
Recherchez des produits de la mer durables dans la base de données du MSC avant de sortir faire vos emplettes, imprimez leguide de pocheou utilisez l’appli de Seafood Watch et consultez le site Web fish2forkpour trouver un restaurant. Faites affaires avec des pêcheurs, des entreprises, des supermarchés et des restaurants qui vendent des produits de la mer durables et interrogez les autres à savoir pourquoi ils ne le font pas. Et, si vous tenez mordicus à votre poisson, vous pouvez même choisir d’appuyer une pêcherie communautaire comme Off the Hook.
La patience est une vertu que doit posséder tout pêcheur. Cependant, si nous ne sommes pas dès maintenant plus impatients de régler le problème, nous finirons par devoir nous contenter de hot-dogs beaucoup trop souvent à notre goût.
Célébrez la Journée mondiale des océans avec le WWF! Venez déguster avec nous de succulents produits de la mer durables le 3 juin à Ottawa et le 4 juin à Toronto. Aussi, nous participerons à un événement marquant la Journée mondiale des océans à St. John’s, Terre-Neuve le 7 juin. Cliquez ici pour plus de détails. Nous serons aussi présents au festival Projet Écosphère, du 6 au 8 juin, sur l’esplanade du Parc olympique de Montréal. La dégustation de produits de la mer durables y est aussi au menu. Venez nous voir!