Le Saint-Maurice se révèle, un peu

Il nous faut davantage de données pour dresser le bilan de santé de la rivière Saint-Maurice
Si le Saint-Maurice pouvait parler, il aurait bien des choses à dire. La rivière draine l’un des plus grands bassins versants du Québec, un territoire qui compte plus de 3 000 lacs et réservoirs. D’une longueur de 395 km, avec un débit moyen de 663 m3/s (soit l’équivalent d’une piscine olympique toutes les quatre secondes), le Saint-Maurice est l’un des principaux affluents du fleuve Saint-Laurent. Bref, ce n’est pas n’importe quel cours d’eau!

Le doré est l'une des nombreuses espèces de poissons qui habitent les eaux du Saint-Maurice. © Eric Engbretson Underwater Photography - WWF-Canada
Le doré est l’une des nombreuses espèces de poissons qui habitent les eaux du Saint-Maurice. © Eric Engbretson Underwater Photography – WWF-Canada

L’immense richesse naturelle de la Mauricie a façonné depuis des siècles l’histoire et l’économie des populations qui habitent la région. Plus de 85 % du territoire est couvert de forêts et celles-ci ont constitué le principal moteur du développement socioéconomique de la Mauricie pendant plus de 150 ans. Jusqu’à tout récemment – en 1995 plus précisément –, le flottage du bois sur le Saint-Maurice était pratique courante pour transporter les billots des coupes, au nord, jusqu’aux usines de transformation au sud, en aval. La dénivellation prononcée de la source à l’embouchure en faisait aussi un courant de choix pour l’aménagement de barrages. Avec 11 centrales hydroélectriques au fil de son cours, le Saint-Maurice compte aujourd’hui plus de barrages que tout autre cours d’eau au Québec. Les activités récréatives et touristiques sont aussi devenues d’importants facteurs de développement de la Mauricie, attirant des visiteurs de partout dans le monde venus admirer ses beautés naturelles.
C’est pourquoi le WWF-Canada a décidé d’examiner le Saint-Maurice dans le cadre de son programme d’évaluation de la santé des cours d’eau.
Malheureusement, malgré tous nos efforts de recherche et de compilation des données disponibles, le Bilan de santé de la rivière Saint-Maurice s’avère incomplet et présente une sérieuse « insuffisance de données », comme on dit dans le jargon scientifique. Il nous a été impossible, en effet, d’obtenir les renseignements nécessaires pour évaluer deux des quatre grands paramètres permettant de déterminer la santé des eaux douces du Saint-Maurice, soit le débit et les poissons. Nous n’avons donc pas réussi à établir un score global de santé du cours d’eau pour l’ensemble du bassin versant, car il nous faut au minimum trois des quatre paramètres adéquatement mesurés, avec suffisamment de données, pour calculer ce score.
Cependant, même si les résultats sont incomplets, les données recueillies sont encourageantes. Le Saint-Maurice a en effet obtenu un « bon » score pour la qualité de son eau et la santé de ses invertébrés benthiques (les insectes de fond). Pour un bassin d’une telle envergure, qui compte plusieurs municipalités et industries importantes, voilà une bonne nouvelle.
Autre élément positif, il existe de nombreux groupes soucieux de la santé de leur cours d’eau dans la région, des gens profondément attachés à ce patrimoine naturel. Un de ces organismes, le Bassin Versant Saint-Maurice, nous a assuré sa précieuse collaboration pour la réalisation de ce bilan de santé. Ce groupe qui milite activement pour le développement durable en Mauricie mène divers programmes de collecte de données essentielles pour connaître l’état de santé de la rivière et de ses affluents. Sans leur apport et celui d’autres collaborateurs, nous n’aurions pas été en mesure de produire ce Bilan de santé de la rivière Saint-Maurice qui, même incomplet, reste très utile, car il nous permet d’entrevoir comment se porte cet important cours d’eau.