Un nouveau rapport souligne la nécessité d’une politique plus rigoureuse sur la navigation en Arctique

Plus tôt cette semaine, la Commissaire à l’environnement et au développement durable Julie Gelfand a publié son Rapport de l’automne 2014.  Ce rapport, rigoureux et troublant, nous propose une analyse exhaustive d’un sujet qui souffre d’un manque d’attention et d’intérêt de la part de la population, j’ai nommé la navigation en Arctique.

Un bateau de touristes passe en vue de la mine de plomb et de zinc de Nanisivik, maintenant fermée, au nord de l’île de Baffin, au Nunavut. © Peter Ewins / WWF-Canada
Un bateau de touristes passe en vue de la mine de plomb et de zinc de Nanisivik, maintenant fermée, au nord de l’île de Baffin, au Nunavut. © Peter Ewins / WWF-Canada

Le réchauffement climatique est en train d’ouvrir l’Arctique à la navigation, mais les conditions y demeurent difficiles – météo extrême, cartographie déficiente, infrastructures minimales, capacité restreinte de recherche et sauvetage – et les risques sont considérables. Ces risques – collisions, déversements et autres accidents – menacent des communautés entières et des écosystèmes complexes. Dans de telles conditions, une planification proactive est de rigueur, et la Commissaire dénonce dans son rapport l’approche réactive qu’elle a observée au Canada. Dans le chapitre 3 de son rapport, intitulé Navigation maritime dans l’Arctique canadien, la Commissaire note de troublantes lacunes au chapitre de la coordination entre les organismes de réglementation et les infrastructures de base, une condition pourtant essentielle à l’épanouissement des communautés ainsi qu’à la protection de l’environnement. À ces lacunes s’ajoutent l’absence de planification relativement à l’inévitable développement futur.

Bateau de la Garde côtière canadienne près de la communauté Inuit de Clyde River, ou Kangiqtugaapik, une nuit de pleine lune, Nunavut, Canada. © Peter Ewins / WWF-Canada
Bateau de la Garde côtière canadienne près de la communauté Inuit de Clyde River, ou Kangiqtugaapik, une nuit de pleine lune, Nunavut, Canada. © Peter Ewins / WWF-Canada

Le Canada est de toute évidence bien mal préparé à l’intensification attendue du trafic maritime en Arctique. Du point de vue de l’environnement, cela met à risque des écosystèmes importants et fragiles, ainsi que les ressources dont ont besoin pour vivre de nombreuses communautés. Ce rapport est un rappel à l’ordre important, qui souligne qu’une planification axée sur la protection des ressources constitue une politique judicieuse pour l’environnement et pour l’économie, jouant en quelque sorte le rôle de police d’assurance en faisant en sorte que les avantages du développement se déploient à long terme. Un régime réglementaire rigoureux et une vision bien déployée sont donc nécessaires pour favoriser le développement tout en protégeant les peuples de l’Arctique, les espèces qui y vivent et les écosystèmes qui les soutiennent.
Heureusement, nous disposons de beaucoup d’information afin de rendre le trafic maritime en Arctique plus sûr pour les populations et la nature. Les chercheurs du Fonds mondial pour la nature ont en effet déjà déposé des rapports (en anglais) sur les pratiques exemplaires et déterminé les mesures essentielles à une navigation sûre et viable en Arctique; nous avons observé les tendances et formulé des recommandations en matière de gestion des risques. Certaines compagnies de transport maritime ont déjà commencé à imposer des normes plus rigoureuses.  Il faut maintenant que toute cette information serve à élever la barre pour tous, avant qu’un accident inévitable ne change à jamais la face de l’océan Arctique.