Sur la piste du léopard des neiges

Si vous cherchez un léopard des neiges, c’est à Rinjan Shrestha qu’il faut s’adresser. La vraie question n’est pas de savoir où sont les léopards, mais si l’on est assez résistant soi-même pour se rendre jusqu’à eux! Rinjan Shrestha est scientifique en conservation pour le programme de l’Himalaya oriental du Fonds mondial pour la nature. Sa spécialité? Les projets de rétablissement des populations de léopards des neiges et de tigres. Il quitte son douillet bureau de Toronto deux fois par année pour faire la tournée des projets en cours; ces tournées sont ce qu’il aime le plus de son travail, mais ce ne sont pas des voyages de tout repos.

Habitat idéal pour le léopard des neiges au Bhoutan. © Rinjan Shrestha
Habitat idéal pour le léopard des neiges au Bhoutan. © Rinjan Shrestha

Rinjan Shrestha et son équipe étudient le timide léopard des neiges depuis 10 ans. L’équipe travaille en étroite collaboration avec les populations locales, qui connaissent mieux que personne leur environnement et la faune qui l’habite, et mène des études visant à mieux comprendre la vie des léopards des neiges dans l’Himalaya et leur utilisation du territoire. « C’est un long processus », explique Rinjan. « D’abord, nous parcourons le territoire à la recherche de signes de la présence de léopards – traces, fèces et autres marques de délimitation du territoire. Ensuite, nous installons des appareils photo munis d’un détecteur de mouvement, et les photos obtenues nous permettent de nous faire une idée du nombre d’individus en présence sur le site de l’étude. Enfin, il arrive que nous équipions les individus capturés – ce qui n’est pas une mince affaire en soi – de colliers émetteurs grâce auxquels nous pourrons suivre leurs déplacements tout au long de l’année. »
Au printemps dernier, Rinjan Shrestha s’est rendu à Thimphu, au Bhoutan, point de départ d’une expédition d’installation d’appareils photo dans l’Himalaya. L’expédition s’est avérée difficile dès le départ – longue marche en pleine région sauvage, ascension jusqu’à 5 000 mètres avec un chargement d’équipement et de la nourriture pour un mois. L’équipe accompagnée de 24 porteurs a dû se fabriquer des ponts de branches et cordages, escalader des falaises verticales, et armée de pieux de bambou et longer des crevasses à la profondeur vertigineuse.

Ce léopard des neiges du Népal a été muni d’un collier de géolocalisation. Grâce à la magie du satellite, Rinjan Shrestha pourra suivre les pérégrinations de ce grand chat dans le confort de son bureau… à Toronto! © WWF-Nepal
Ce léopard des neiges du Népal a été muni d’un collier de géolocalisation. Grâce à la magie du satellite, Rinjan Shrestha pourra suivre les pérégrinations de ce grand chat dans le confort de son bureau… à Toronto! © WWF-Nepal

« Nous nous sommes arrêtés dans un petit village, où nous avons demandé à un moine d’exécuter le rituel pour plaire aux dieux de la pluie, raconte Rinjan. Je ne sais ce que les moines leur ont dit, mais en tout cas il a plu presque tout le temps! Mais la nature est quand même extraordinaire, et nous réservait la surprise de sources thermales, qui nous ont permis de nous baigner quotidiennement, un luxe inhabituel en pareilles circonstances. »
La partie de l’expédition qui devait durer trois jours s’est étalée sur 7 jours. Au moment de l’installation du campement pour une durée de 15 jours, les réserves de nourriture étaient déjà maigres, et le sel menaçait de manquer – or le sel est très important lorsqu’on est en altitude. « Les porteurs se plaignent souvent de l’inégalité des charges; on essaie bien sûr de répartir les charges équitablement, mais un jour un porteur excédé a jeté 7 sacs de sel au bas d’une falaise. Nous en étions qu’au 9e jour d’une expédition de 23 jours. »

De retour au campement, Rinjan Shrestha fait sécher ses vêtements à la fin d’une journée pluvieuse. © Rinjan Shrestha
De retour au campement, Rinjan Shrestha fait sécher ses vêtements à la fin d’une journée pluvieuse. © Rinjan Shrestha

Les difficiles conditions de terrain sont le prix à payer pour arriver à ses fins et, en fin de compte, l’équipe a réussi à installer ses appareils et compte en tirer de précieuses informations. « Ce travail est très important et tout aussi gratifiant, affirme Rinjan. L’information que nous recueillons sert à étayer des programmes de gestion transfrontaliers et constitue la clé de la protection des léopards des neiges et de leur habitat. C’est un travail dur, mais j’adore cela et n’en changerais pour rien au monde. »
En adoptant symboliquement un léopard des neiges, vous contribuez à soutenir le travail de conservation du WWF. Faites-le maintenant en visitant le boutique.wwf.ca
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