Pleins feux sur le léopard des neiges – le jour où j’ai déjoué le prince des montagnes – 1ère partie

par Rinjan Shrestha, scientifique de la conservation
Le WWF-Canada vous propose de nouvelles espèces pour adoption, dont le léopard des neiges. Voici la suite de notre série de billets sur le léopard des neiges, un des moins bien connus des grands félins.
Me voici, en ce matin froid du 25 novembre 2013, dans l’Himalaya oriental. Il vente à écorner une chèvre sauvage et nos tentes sont appesanties par les couches successives de givre. Dur dur de quitter la chaleur de mon sac de couchage à 4 heures du matin, mais je dois me lever et allumer le récepteur radio, déployer l’antenne et chercher à capter les signaux VHF qui m’apprendront que l’un des pièges installés a reçu de la visite. Comme d’habitude, je ne capte rien, et je retourne me coucher en maugréant, sans manquer de rappeler à mon compagnon de tente, Narendra Pradhan, qu’il doit vérifier la radio à 6 heures. Depuis plusieurs jours que nous sommes là, la routine s’installe tranquillement.

À la recherche de signaux des transmetteurs installés près des pièges. ©Narendra Pradhan/WWF
À la recherche de signaux des transmetteurs installés près des pièges. ©Narendra Pradhan/WWF

En fait, il y a 18 jours que nous avons entrepris notre quête. Nous sommes sur la piste de l’un des félins les moins bien connus de la terre, j’ai nommé l’évanescent léopard des neiges. Nous avons installé 16 pièges équipés d’une espèce de lasso où l’on espère que les léopards mettront le pied, et de transmetteurs radio satellite/VHF, répartis dans les divers lieux où le léopard des neiges est susceptible de passer dans cette région du nord-ouest du Kangchenjunga, dans la partie orientale de l’Himalaya. À 8 598 mètres d’altitude, le mont Kanchenjunga est le troisième plus haut sommet du monde, et l’un des endroits les plus isolés de la planète. Il nous a fallu 8 jours à pied pour nous rendre au campement, sis sur la base du flanc ouest de la montagne, à 4 200 mètres.

Le mont Kangchenjunga, 8 598 mètres. ©philippegatta.fr
Le mont Kangchenjunga, 8 598 mètres. ©philippegatta.fr

Grâce à la technologie, nous pouvons surveiller à distance les sites de nos pièges, dans le confort de notre camp de base; nous surveillons les signaux VHF que nous enverront les transmetteurs installés à côté des pièges. Un bip à intervalles de huit secondes indiquera que le mécanisme du piège a été déclenché, tandis qu’un intervalle de 16 secondes indiquera que le piège a été fréquenté mais ne s’est pas déclenché. Depuis notre arrivée au camp de base, nous nous relayons pour vérifier les signaux aux deux heures, 24 heures sur 24. Au fil des jours passés dans le froid mordant des montagnes, nous sommes tous impatients d’entendre une série de bips à intervalles de 8 secondes. Certains d’entre nous en rêvent la nuit, tandis que d’autres offrent leurs prières à Ghangjenjwenga, dieu de la montagne.
Je devais dormir profondément car je n’ai pas entendu Narendra sortir de la tente pour vérifier les signaux. J’ai fait le saut lorsque dr. Giri, le vétérinaire de l’équipe, est venu me réveiller un moment plus tard. J’ai vite compris la raison de l’excitation qui régnait dans le campement de l’autre côté de la rivière. De fait, Narendra avait capté le signal d’un piège situé sur une corniche surplombant notre campement.
Ne ratez pas la suite, où Rinjan nous raconte comment il a réussi à mettre un collier émetteur à un léopard des neiges!
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