Célébrons nos champions de l’eau douce: pour l’esturgeon

par Ben Whalen, directeur de projet, Comité de restauration du bassin versant Kennebecasis
Le Comité de restauration du bassin versant Kennebecasis regroupe plusieurs champions de l’eau douce de la communauté, qui travaillent à préserver l’habitat de l’une de nos espèces vedettes en cette semaine canadienne de l’eau, l’esturgeon à museau court du fleuve Saint-Jean.
Avez-vous déjà entendu parler de l’esturgeon à museau court?
On sait que l’espèce est très ancienne, que sa physionomie est véritablement préhistorique, et qu’il a une grande longévité. Ce poisson, dont la taille peut atteindre des proportions gigantesques, est apparu sur Terre il y a environ 250 millions d’années – son lointain ancêtre est le requin. On dénombre 27 espèces d’esturgeons dans le monde, qui vivent toutes dans l’hémisphère nord. Toutes sont menacées ou en voie de disparition.

Cet esturgeon jaune est l’une des 27 espèces d’esturgeon dans le monde. Toutes vivent dans l’hémisphère nord. © Eric Engbretson Underwater Photography / WWF-Canada
Cet esturgeon jaune est l’une des 27 espèces d’esturgeon dans le monde. Toutes vivent dans l’hémisphère nord. © Eric Engbretson Underwater Photography / WWF-Canada

Une de ces espèces est notre esturgeon à museau court. Cette espèce rare et indigène du Nouveau-Brunswick, vit dans le bassin hydrographique du fleuve Saint-Jean, qui comprend la rivière Kennebecasis. C’est là le seul habitat où l’on trouve encore l’esturgeon à museau court, qui occupa dans le passé des rivières et estuaires tout le long de la côte Est de la Floride jusqu’au Nouveau-Brunswick. Il ne reste plus aujourd’hui qu’environ 2 000 esturgeons – la destruction de leur habitat, les barrages et la piètre qualité de l’eau ont eu raison de leurs populations autrefois florissantes.
La rivière Kennebecasis – plus particulièrement sa baie profonde et ses estuaires – offre un habitat hivernal précieux à l’esturgeon à museau court. Les adultes sont attirés vers les zones de la rivière sous l’influence des marées océaniques, tandis que les jeunes et les adultes en âge de frayer migrent en amont l’été venu. Le courant est fort, ici, et l’eau coule rapidement le long des blocs rocheux et des fonds graveleux, qui constituent une zone favorable à la fraie. Lorsque la température de la rivière chute à l’automne, les esturgeons redescendent vers l’estuaire et les profondeurs de la baie, où l’on trouve les populations les plus denses.
Le Comité de restauration du bassin versant Kennebecasis (en anglais seulement) travaille à conserver l’habitat de l’esturgeon à museau court en maintenant, entre autres, la qualité de l’eau et en réduisant le volume de sédiments transportés dans ces frayères et qui finissent par en recouvrir les fonds. La restauration des berges et des rives contribue à l’entretien de l’habitat qui favorise le maintien de la température saisonnière de l’eau idéale pour la fraie.

Photo avant la restauration de la berge d'un affluent de la rivière Kennebecasis dans le cadre de la protection de l'habitat de l'esturgeon à museau court. © Ben Whalen
Photo avant la restauration de la berge d’un affluent de la rivière Kennebecasis dans le cadre de la protection de l’habitat de l’esturgeon à museau court. © Ben Whalen
Photo après la restauration. © Ben Whalen
Photo après la restauration. © Ben Whalen

Il est indispensable, pour la survie à terme de l’espèce, que la population actuelle soit protégée et conservée. L’esturgeon atteint tard la maturité sexuelle et lorsqu’il y est, il ne se reproduit qu’à tous les 3 à 5 ans. Sa croissance elle aussi est lente – le mâle n’est adulte qu’à 11 ans, la femelle, à 13 ans. Or il est de plus en plus difficile de protéger les poissons d’eau douce à grande longévité en raison des nombreux facteurs de menace pesant sur eux, notamment les techniques de pêche, la technologie et autres activités humaines.
La capacité d’assurer la préservation de l’espèce est étroitement liée aux connaissances recueillies sur l’esturgeon. Voilà pourquoi des organismes comme le Comité de restauration du bassin versant Kennebecasis (en anglais seulement) et le Fonds mondial pour la nature ont tant besoin de votre appui pour assurer la protection de cette noble espèce.