À Toronto, des monarques dans une jungle de béton

Cet été, le WWF-Canada a offert des promenades guidées au centre-ville de Toronto, sur les rives du lac Ontario, pour montrer comment la nature réussit à vivre en pleine ville. Une de nos marcheuses partage ici son expérience, et sa rencontre bien spéciale avec des invités inattendus.
Par Kathy Nguyen, stagiaire, Mobilisation du public, WWF-Canada
À quelques pas des gratte-ciel du centre-ville de Toronto, j’ai été témoin d’un événement qui m’a beaucoup surprise. En quelques secondes à peine, j’ai vu pas un, pas deux, mais bien six papillons monarques danser devant mes yeux.
Au cours des dernières années, la population de monarques a brusquement décliné. Un rapport du WWF pour 2013-2014 a démontré que le nombre de papillons en hivernage, dans les montagnes du Mexique, a atteint un plancher jamais vu depuis 20 ans. Ce déclin est le résultat de plusieurs facteurs : changements climatiques, perte d’habitat causée par l’exploitation forestière illégale, rareté de la nourriture essentielle à la survie des papillons.

Centre-ville de Toronto © Christina Reinhardt / WWF-Canada
Centre-ville de Toronto © Christina Reinhardt / WWF-Canada

Au cours de la promenade, j’ai non seulement pu apercevoir des monarques, j’ai aussi pu en apprendre davantage sur une importante source de nourriture qui pousse le long du lac Ontario : l’asclépiade. Notre guide Heather Crochetiere, qui travaille au sein de l’équipe de conservation de l’eau douce au WWF-Canada, nous a expliqué que l’usage répandu d’herbicides avait réduit considérablement la disponibilité de l’asclépiade pour les papillons. Elle nous a ensuite montré comment cette plante réussit quand même à pousser dans les recoins du secteur portuaire, et permet ainsi aux chenilles de se nourrir, puis de se transformer en papillons.

Papillon monarque (Danaus plexippus) et fleurs d’échinacée pourpre (Echinacea angustifolia), Ontario, Canada. © Frank PARHIZGAR / WWF-Canada
Papillon monarque (Danaus plexippus) et fleurs d’échinacée pourpre (Echinacea angustifolia), Ontario, Canada. © Frank PARHIZGAR / WWF-Canada

Grâce aux Balades WWF, nous avons pu aborder les écosystèmes cachés du centre-ville de Toronto, en compagnie de membres du personnel du WWF qui ont agi comme guides. C’était une occasion unique de reprendre contact avec la nature et d’en apprendre davantage, non seulement sur les menaces qui pèsent sur elle, mais aussi sur ce que le WWF fait (et ce qu’on peut faire comme citoyens) pour les contrer.
Alors que nous marchions le long du lac, nous avons été ravis d’observer un cormoran à aigrettes – une espèce autrefois menacée par l’usage de pesticides de type DDT – plonger afin de pêcher son repas. Le lac Ontario a longtemps été considéré comme l’un des plus pollués des Grands Lacs. Mais, comme nous l’a expliqué Heather, des oiseaux plongeant ainsi pour se nourrir des poissons y vivant constituent un bon signe pour la santé du lac. Cela signifie que la qualité de l’eau s’est améliorée au cours des dernières années, suffisamment pour soutenir le développement de populations saines de poissons.

Secteur portuaire de Toronto sur le lac Ontario © Christina Reinhardt / WWF-Canada
Secteur portuaire de Toronto sur le lac Ontario © Christina Reinhardt / WWF-Canada

À la fin de la balade, je me suis dit que même de tout petits pas – comme planter de l’asclépiade dans mon jardin – peuvent avoir de grands impacts positifs. Cette promenade a souligné ce que nous pouvons faire, comme simples citoyens, pour provoquer des changements constructifs dans les grands écosystèmes qui nous entourent.
Merci au WWF-Canada pour cette activité! Jamais, depuis que j’ai emménagé à Toronto l’automne dernier, je n’ai pu reprendre contact avec la nature de cette façon.