Le plan d’aménagement du territoire du Nunavut doit se tremper l’orteil dans l’océan

Depuis quelques années, les habitants de Chesterfield Inlet au Nunavut ont remarqué un déclin des populations de mammifères marins dans la région. Ceci coïncide avec l’augmentation du trafic maritime liée à la mine d’or avoisinante.
Le lien est clair : ce qui arrive sur le continent affecte aussi ce qui se passe dans la mer. C’est une des raisons pour lesquelles le WWF soutient les collectivités nordiques dans leur requête faite à la Commission d’aménagement du Nunavut (CAN) pour qu’une plus grande attention soit portée aux aires marines dans le plan.

Two walruses (Odobenus rosmarus) sit on sea ice in Hudson Bay, Nunavut, Canada
Deux morses (Odobenus rosmarus) sur la banquise, Nunavut, Canada

Les considérations maritimes doivent être inclues dans le processus menant au plan d’aménagement du territoire du Nunavut, car ce dernier posera les bases d’un avenir durable et prospère pour la région. C’est d’autant plus fondamental pour une région qui dépend tant de l’océan, de la banquise et des espèces marines que de ses terres continentales.
Chesterfield Inlet est située sur le rivage nord-ouest de la Baie d’Hudson et dépend fortement des terres avoisinantes et des eaux qui l’entourent pour l’alimentation de sa communauté et ne veut surtout pas que cette région soit affectée négativement.
« Cette communauté est déjà affectée par l’augmentation du trafic maritime, affirme l’organisation de chasseurs et de trappeurs de Aqigiq dans sa soumission au CAN. Nous remarquons de moins en moins de mammifères marins dans la région durant la saison d’expédition du transport maritime. »
Le développement d’un plan pour le Nunavut qui promeut à la fois le bien-être des communautés et l’intégrité environnementale de la région est en cours depuis 2007. Cependant, ce plan a porté principalement sur la portion terrestre du territoire, laissant la protection des aires marines du Nunavut en-dehors de la conservation.
L’enjeu n’est pas seulement la sécurité alimentaire. Les membres de la communauté s’inquiètent aussi de leur gagne-pain et de l’avenir même de la communauté. Chesterfield Inlet investit dans la pêche commerciale communautaire, créant ainsi de nouveaux emplois dans la région. Mais cette opportunité prometteuse est maintenant menacée par le manque de protection des aires de reproduction de l’omble chevalier. La communauté demande au CAN d’investir dans la viabilité à long terme des espèces en protégeant les écosystèmes essentiels à ces espèces des existantes ou éventuelles utilisations incompatibles telles que les activités minières.

Ursus maritimus Polar bear Diving Hudson's Bay, Canada
Ours polaire (Ursus maritimus) nageant dans la baie d’Hudson, Canada

Ce ne sont que deux exemples qui démontrent l’importance de la protection des aires marines dans cette communauté nordique en particulier. Les bénéfices de cette protection pour les communautés, les espèces et les écosystèmes sont bien connus. Agir devient une priorité pour le Canada. Le mois dernier, le gouvernement fédéral a reconfirmé son engagement envers la protection de 5 % d’aires marines et côtières d’ici 2017. Intégrer ces objectifs dans le plan du Nunavut est important pour assurer que ces engagements puissent être respectés.
Protéger les zones les plus vulnérables
Développer une planification marine appropriée demande à la fois d’identifier les habitats critiques et de désigner les activités qui y seront tolérées.
Dans le plan provisoire actuel, près de la totalité des aires marines du Nunavut sont classifiées à usage mixte, ce qui signifie que tout type d’utilisation est permis, allant de l’activité minière au transport maritime, passant par la pêche et même l’exploration pétrolière. Cette désignation s’applique aussi aux aires qui ont été précédemment identifiées zones d’importance écologique et biologique (ZIEB). Ces aires fragiles sont autant les aires de reproduction et d’alimentation du béluga dans la partie ouest de la baie d’Hudson que le Dernier refuge de glace vers les plus hautes latitudes de l’Arctique, qui deviendra la seule région en Arctique à conserver sa banquise d’été si le réchauffement climatique persiste.
Pour soutenir nos partenaires issus de la communauté tels que l’organisation de chasseurs et de trappeurs de Aqigiq à Chesterfield Inlet, le WWF demande au CAN de mettre en œuvre une nouvelle désignation pour les ZIEB qui restreindrait les activités de façon saisonnière, dépendamment de la vulnérabilité de la région et demande de prendre en considération les impacts éventuels sur la nature et les écosystèmes avant d’approuver toutes nouvelles activités.
Pour se faire, le plan aura besoin d’améliorer sa compréhension des caractéristiques spécifiques liées à chaque site, les facteurs de stress et les risques pour chaque région, à la fois d’un point de vue écologique et culturel. Le WWF répond à ce besoin en conduisant des ateliers et en menant des études afin d’identifier les priorités et les valeurs de la communauté ainsi qu’en s’assurant qu’elles soient inclues dans le plan de la CAN. Un de ces projets consiste à identifier les habitats marins fragiles du Nunavut et devrait être complété d’ici mars 2016.
Nous vous invitons à en découvrir davantage sur le plan et à soumettre vos idées sur le site de la Commission d’aménagement du Nunavut. Les audiences publiques sur le plan sont prévues pour novembre 2016.