Si le changement climatique était un requin, alors l’eau en serait les dents! Voici pourquoi!

https://blog.wwf.ca/fr/2016/03/16/deux-allies-puissants-se-joignent-au-wwf-pour-larctique/ ‘If climate change is a shark, then water is its teeth.’ — Paul Dickinson, Climate Disclosure Project

Tout comme le poisson qui ne sentira la présence du requin que lorsqu’il se fera dévorer, l’humain ressentira d’abord les effets des changements climatiques par l’eau.
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les écosystèmes d’eau douce sont parmi les plus vulnérables face aux changements climatiques.
Les prévisions actuelles indiquent que la plupart des écosystèmes d’eau douce feront face à d’importants changements globaux d’ici 2050.
Au Canada, il est déjà possible de constater les effets des changements climatiques sur nos cours d’eau. Les rapports sur les bassins versants du WWF se sont penchés sur l’évolution récente des températures et des précipitations comparativement aux normes historiques. Ils démontrent que les menaces actuelles découlant des changements climatiques sont considérées d’un degré moyen à élevé dans neuf des bassins versants évalués jusqu’à maintenant.

Steam rises from a factory on a cold winter day in Toronto, Ontario, Canada, 2007. © Patricia Buckley / WWF-Canada
Vapeur sortant d’une usine lors d’une froide journée d’hiver à Toronto, Ontario, Canada, 2007. © Patricia Buckley / WWF-Canada

Le WWF-Canada travaille avec les collectivités à repenser la gestion de l’eau. Avec le Fonds Loblaw sur l’eau, nous collaborons avec des organisations à travers le pays pour restaurer les bassins versants dégradés et atténuer les menaces auxquelles ils sont confrontés. Au Nouveau-Brunswick, c’est avec les municipalités que nous travaillons afin de mettre en place une résilience climatique ainsi que des initiatives d’adaptation. Et dans les régions emblématiques comme le Saint-Laurent et la Colombie-Britannique, nous travaillons à la mise en œuvre de règles qui sont nécessaires à la protection de nos écosystèmes d’eau douce dans un climat en changement.
Nous n’avons pas à aller bien loin pour réaliser l’interconnexion qui existe entre les changements climatiques et l’eau douce. Deux des évènements météorologiques les plus coûteux de l’histoire du Canada, soit les inondations de Toronto et Calgary en 2013, se sont produits à moins d’un mois d’intervalle et ont coûté plusieurs milliards de dollars en dommages.
La sécheresse est aussi un phénomène qui devient de plus en plus inquiétant. La vague de chaleur et les conditions de sécheresse extrêmes de l’été dernier en Colombie-Britannique ont eu des impacts négatifs non seulement sur les populations de saumons, mais aussi sur la consommation d’eau de la population, qui a dû être restreinte à plusieurs reprises.

Brook trout, a freshwater fish. Climate change has already led to a decline in cold-water fish populations in the Great Lakes.
Omble de fontaine (Salvelinnus fontinalis), poisson d’eau douce, Amérique du Nord. © Eric Engbretson / WWF-Canada.

À certains endroits, l’augmentation des températures provoquerait même un changement dans la composition et la distribution des écosystèmes. Les hivers plus chauds dans le bassin versant des Grands Lacs, tels que celui observé cette année avec le minimum historique de superficie glacée, peuvent aussi avoir un impact préjudiciable sur les populations de poissons. Un important déclin des populations de poissons d’eau froide dans les Grands Lacs a  déjà été observé et si les températures continuent de se réchauffer, cela créera davantage d’habitats pour les poissons d’eau tempérée, au détriment des espèces d’eau froide. De plus, les températures élevées durant la saison estivale peut causer l’augmentation de la prolifération d’algues toxiques. Depuis quelques années, le lac Érié est aux prises avec une prolifération jamais vue auparavant. Elle est même pire que lorsque le lac avait été déclaré mort dans les années 1970.
Les effets des changements climatiques sur les écosystèmes d’eau douce continueront de se manifester de plusieurs façons. Pour aller de l’avant et protéger l’eau douce pour la nature et les communautés afin de développer des écosystèmes résilients et une économie résiliente, la société devra repenser le concept de normalité. La quantité et la qualité de l’eau sur lesquelles nous avons pu compter pour bâtir nos villes et nos industries dans le passé ne seront peut-être plus là dans un avenir rapproché. Pour devenir un leader climatique du 21e siècle, les gouvernements, les entreprises et les autres acteurs clés devront prendre position afin de bâtir des sociétés résilientes face à notre eau douce.