Les poissons se perdent et c’est inquiétant. Voici pourquoi.

Par Catherine Paquette
Imaginez-vous tenter de tracer votre chemin et de vous rendre compte qu’à chaque tournant, un obstacle le rende impraticable. Cette situation est une réalité pour bien des espèces d’eau douce.

Salmon (Salmonid sp.) jumping at a weir along Humber river. In early autumn, salmon can be seen leaping and swimming up the weirs along the Humber river in Toronto, Ontario, Canada.
Saumon (Salmonid sp.) sautant à un barrage le long de la rivière Humber. © WWF-Canada / Noah Cole

La plupart des gens préfère des débits et des niveaux d’eau maîtrisables pour nos rivières. Ainsi, pour limiter les catastrophes naturelles comme les inondations et les sécheresses, nous construisons des barrages. Mais les barrages peuvent affecter le débit naturel des rivières, transformer la quantité et la qualité de l’eau et peuvent aussi altérer la circulation des éléments essentiels pour la faune et la flore aquatique. Les barrages, les routes et chemins de fer déconnectent les habitats tels que les plaines d’inondation et les zones humides de leur principale source naturelle d’eau, affectant ainsi toutes les espèces habitant ces milieux.
La fragmentation des rivières signifie la perte de connexité entre les différents habitats d’eau douce. Elle peut engendrer des effets sur plusieurs aspects des écosystèmes d’eau douce. Les poissons et autres espèces aquatiques utilisant les ruisseaux, les cours d’eau et les rivières pour déambuler, manger et se reproduire se retrouvent souvent bloqués par les barrages ou les passages à niveau des routes et chemins de fer.

Bassano Dam is part of the Eastern Irrigation District, a large irrigation network in southern Alberta, Canada, that provides water to farms, towns, and recreation areas.
Le barrage Dassano fait partie de l’ Eastern Irrigation District, vaste système d’irrigation dans le sud de l’Alberta, Canada, qui fournit de l’eau aux fermes, villes et aires de loisir. © Patricia Buckley / WWF-Canada

La présence d’obstacles comme les barrages peut aussi avoir un impact sur la migration des poissons. En effet, certaines espèces doivent parcourir de longues distances afin de se reproduire et ces obstacles entravent leur chemin ou les empêchent de frayer. La fragmentation peut aussi participer à la création de populations isolées de poissons, ce qui diminue la diversité génétique et la viabilité.
Les rapports sur les bassins versants du WWF-Canada évaluent les menaces que pose la fragmentation sur nos bassins versants. Les bassins versants éloignés et accueillant une population moindre sont beaucoup moins menacés comparativement aux bassins situés à proximité des grands centres urbains. Le bassin versant du fleuve Skeena en Colombie-Britannique a un niveau faible concernant la menace de fragmentation, ce qui signifie que ses différents cours d’eau conservent une bonne connexité entre eux. Par contre, les bassins versants des Grands Lacs, du fleuve Saint-Laurent et du fleuve Saint-Jean ont obtenu des scores entre élevé et très élevé pour la fragmentation. Ces résultats signifient que ces écosystèmes aquatiques sont susceptibles de ressentir fortement les effets et d’être transformés dû aux barrages, routes et/ou chemins de fer.
Que pouvons-nous faire?
Il n’y a pas que des mauvaises nouvelles. Même si la fragmentation constitue une menace sérieuse envers la santé de nos écosystèmes aquatiques, il y a plusieurs manières de minimiser les impacts des barrages, routes et chemin de fer sur nos écosystèmes locaux d’eau douce. Bien que ce ne soit pas toujours idéal, des caniveaux correctement pensés et construits permettent à l’eau, aux nutriments et à certaines espèces de traverser les passages à niveaux des routes et chemins de fer. Le concept de flux environnementaux vise à garantir que la qualité, la quantité et la répartition dans le temps de l’eau que reçoivent les ruisseaux, cours d’eau et rivières soient suffisantes pour assurer des écosystèmes sains et durables. Ce qui importe au-delà de tout est de penser à nos bassins versants lorsque l’on planifie et que l’on développe.