Trois questions de nos jeunes au sujet de l’eau

par Anthony Merante, specialiste asscocié, Rapports sur les bassins versants
Est-ce que les rivières aboutissent toujours dans un lac? Comment une moule réussit-elle à manger? Pourquoi le fond des rivières est-il si important? Voici quelques-unes des interrogations soulevées lors du récent Festival de l’eau destiné aux jeunes de la région de Peel en Ontario (réunissant les villes de Brampton, Caledon et Mississauga). Ce festival de deux jours, qui a attiré cette année près de 2 000 élèves du primaire, traite des différents aspects de la conservation de l’eau, de la biologie des écosystèmes jusqu’à son utilisation domestique.
Nos experts en eau douce du WWF-Canada y ont animé des activités interactives montrant comment les rivières et les lacs se comportent dans les bassins versants qui recueillent l’eau de pluie. Le WWF-Canada a également diverti les jeunes en racontant, avec l’aide des moules d’eau douce, les différents types de vie des habitats aquatiques. Avec les apparitions de Panda, notre mascotte, les élèves ont été ravis d’en apprendre davantage sur les écosystèmes d’eau douce du pays et ainsi de souscrire au serment Je demande la santé pour les eaux canadiennes. Cet engagement a déjà reçu plusieurs centaines de signatures.

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© WWF-Canada

Découvrez quelques-unes des questions les plus créatives :

  • Pourquoi le fond des rivières est-il si important? demande Jess, 8 ans, de Mississauga en Ontario.

Le fond des lacs et des cours d’eau est appelé benthos, et l’ensemble des organismes aquatiques vivant à proximité du fond est qualifié de benthique. Le fond d’une rivière déborde de vie et il constitue donc le refuge de plusieurs invertébrés benthiques. Les invertébrés benthiques sont des organismes dépourvus de colonne vertébrale. Les moules, larves de libellules, écrevisses, larves de trichoptères, larves d’éphémères et Corixidae sont quelques-unes des centaines d’espèces qui peuvent se retrouver dans une seule de nos rivières.
Ces êtres sont très précieux dans la chaîne alimentaire aquatique et ils remplissent des fonctions vitales pour la santé de nos rivières, comme la filtration naturelle de l’eau. La présence ou l’absence de certaines espèces nous permet d’évaluer la santé de la rivière elle-même. Chaque espèce d’invertébrés benthiques a une tolérance différente à des réalités telles que les polluants organiques. En surveillant à long terme la population d’invertébrés benthiques, nous pouvons donc dégager des tendances et identifier quelles espèces résistent à la pollution et quelles sont celles qui ne le peuvent pas. Ainsi, en identifiant bien ce qui vit au fond de nos rivières, nous obtenons un solide bilan de santé des écosystèmes aquatiques. Ce savoir nous permet d’ajuster notre façon de gérer la protection des rivières et de la faune qui s’y retrouve. C’est pourquoi, dans ses Rapports sur les bassins versants, le WWF-Canada utilise les invertébrés benthiques pour jauger la santé de l’eau douce.

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© WWF-Canada
  • Comment une moule réussit-elle à manger? demande Sasha, 11 ans, de Brampton en Ontario.

Bien entendu, les moules ne se nourrissent pas comme nous, car elles ne possèdent pas de bouche avec une langue et des dents. Les moules d’eau douce, indigènes en Ontario, sont dites suspensivores. Cela signifie que ce sont des organismes qui filtrent leur milieu à l’aide de siphons (structures en forme de tube) permettant ainsi de collecter la nourriture planctonique de la colonne d’eau et, de cette manière, de l’aspirer dans leur coquille directement à leur bouche, sur leurs branchies et dans leurs estomacs.
Les algues qu’ils ingèrent de cette façon sont riches en nutriments et en minéraux, ce qui permet aux moules de grossir et de se renforcir. Si l’environnement est sain, certaines espèces peuvent vivre jusqu’à 100 ans. Mais les polluants et les sédiments libérés lors de changements de vocation des terres agricoles sont de grandes menaces pour les moules. En raison de leur sensibilité à ces pressions, en plus d’être de plus en plus concurrencées par des espèces envahissantes, les moules d’eau douce sont devenues le groupe faunique le plus menacé d’Amérique du Nord.

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© WWF-Canada
  • Est-ce que toutes les rivières se jettent dans les lacs? questionne Sarah, 9 ans, de Caledon en Ontario.

Pas toujours. Mais voyons d’abord quelle est l’origine des rivières. Une rivière peut naître à partir d’une source naturelle ou se former dans les montagnes et les collines où elle collecte l’eau suite à l’accumulation de la pluie. Initialement, elle est sous forme de petites crevasses. Ces fissures vont habituellement s’entremêler et ainsi augmenter leur taille et le débit d’eau qu’elles transportent. Ces cours d’eau vont conduire à des lacs ou même à des océans. Ce sont leur embouchure. Parfois, une rivière transporte de grandes quantités de sédiments vers l’aval. Dépendant de la quantité de ces matières solides, une rivière peut créer des formes de terres à son embouchure que l’on appelle delta.
Une rivière devient un estuaire quand elle se jette dans l’océan. Nous avons alors un mélange d’eau douce et d’eau salée. Certaines espèces se sont adaptées à vivre dans cet environnement et peuvent tolérer des variations de concentration en sel.
Pour en savoir plus sur le travail de WWF-Canada en matière d’eau douce, visitez notre site wwf.ca/fr/conservation/eau_douce/