Les petits poissons reçoivent enfin l’attention qu’ils méritent

Parfois, les plus petits peuvent faire une grande différence.
Le mois dernier, le WWF-Canada publiait un rapport intitulé Bouffe pour tous, demandant une nouvelle évaluation des pêches canadiennes pour les poissons-proies, de petits poissons comme le capelan, le maquereau et le hareng. Ce rapport insistait sur l’importance de ces poissons-proies pour des prédateurs tels que la morue, les oiseaux de mer et les baleines, et révélait que trois pêches de poissons-proies se trouvent dans des conditions critiques dans l’Atlantique canadien. Nous avons également découvert que plusieurs pêches sont gérées sans assez de renseignements adéquats.

Macareux moine (Fratercula arctica) tenant des capelans dans son bec. sur Gull Island, dans la réserve écologique de Witless Bay, Terre-Neuve, Canada
Macareux moine (Fratercula arctica) tenant des capelans dans son bec. sur Gull Island, dans la réserve écologique de Witless Bay, Terre-Neuve, Canada

Le rapport a été repris dans plusieurs médias du pays, lançant ainsi la discussion sur les petits poissons. L’enjeu a trouvé écho : l’effondrement des stocks de poissons-proies n’est pas une bonne nouvelle pour les prédateurs qui dépendent d’eux pour se nourrir. Pour certaines espèces comme le petit rorqual et la baleine à bosse, les poissons-proies comptent pour 75 % de leur alimentation. Pour les oiseaux de mer, comme les fous de Bassan, ces poissons sont essentiels durant la saison d’élevage des poussins.
Plusieurs pêches au Canada ciblent aussi directement les poissons-proies, les récoltant à des fins d’alimentation – il existe un marché pour le hareng fumé et mariné – et d’appâts. Le maquereau commun est souvent utilisé comme appât pour le homard et pour attraper un kilo de homard, un kilo de maquereau est nécessaire. Pour 75 % de ces pêches de poissons-proies, le statut des stocks est inconnu, ce qui signifie que les décisions sur la quantité de captures possibles ont été – et sont toujours – prises sans être fondées sur la quantité réelle de poissons.
En septembre, le bureau du vérificateur général a publié un rapport sur la durabilité des principaux stocks de poissons du Canada, vérifiant si Pêches et Océans Canada gère adéquatement les pêches canadiennes en ce qui a trait à la conservation et la durabilité.

Séchage de capelans sur des claies à Terre-Neuve, Canada.
Séchage de capelans sur des claies à Terre-Neuve, Canada.

Au total, ce sont 154 stocks de poissons qui ont été évalués, dont neuf évalués en détail, incluant celui du capelan du golfe du Saint-Laurent. Et les résultats sont inquiétants. Le rapport a démontré un manque de plans de rétablissement pour les populations épuisés, un manque de relevés et l’absence d’objectifs clairs et d’échéanciers pour la gestion des pêches.
Espèce clé dans l’écosystème du golfe Saint-Laurent, le capelan nourrit en effet la plupart de nos grands prédateurs marins tels que les baleines, les oiseaux de mer et la morue de l’Atlantique. Puisqu’il n’y pas de relevés acoustiques, il est difficile d’évaluer correctement son abondance dans le golfe. L’actuel total admissible de capture ne repose donc pas sur des analyses quantitatives. Comme sa durée de vie est brève (entre 2 et 5 ans), son abondance est particulièrement sensible aux conditions environnementales et elle peut fluctuer brusquement d’une année à l’autre.
Pêches et Océans Canada s’est engagé à s’attaquer à ces enjeux en 2016-17, incluant une mise à jour des plans de gestion des pêches et l’établissement d’indicateurs qui entraîneront l’évaluation complète des stocks plus tôt que prévu s’ils semblent éprouver des difficultés.

Baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) se nourrissant dans les eaux côtières près de Prince Rupert, Columbie-Britannique, Canada.
Baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) se nourrissant dans les eaux côtières près de Prince Rupert, Columbie-Britannique, Canada.

Ces mesures constituent des étapes très positives. Le WWF-Canada travaille présentement à combler les lacunes concernant les renseignements à propos d’un poisson-proie en particulier : le capelan. Cette semaine, nous lançons une nouvelle initiative, le Réseau atlantique canadien d’observation du capelan, un forum rassemblant les communautés scientifiques, de gestion et de  conservation du capelan, ainsi que les experts de Pêches et Océans Canada, les institutions académiques et les organisations non gouvernementales. La mise en commun de nos ressources et renseignements dévoilera de nouvelles façons de soutenir ce poisson indispensable.
Bouffe pour tous a entamé la conversation. Mais ça ne fait que commencer. En plus de soutenir les efforts scientifiques pour améliorer la gestion des pêches de capelan et de maquereau commun, nous travaillons à protéger les habitats essentiels comme les plages de fraie, et cherchons une alternative à l’utilisation des poissons-proies en tant qu’appâts dans les pêches commerciales comme celle du homard.
Se soucier des petits poissons est devenu pour nous un grand projet.

Nous espérons que vous envisagerez de devenir un sympathisant de ce travail, et de nos autres projets créant des solutions pour les espèces et les écosystèmes en choisissant la carte de crédit MasterCard BMO® du WWF-Canada. Chaque fois que vous faites un achat avec cette carte, un pourcentage de la valeur en dollars de votre transaction va directement au WWF-Canada. Pour en savoir plus, cliquez ici.