Une mer silencieuse pour sauver les épaulards

Le nombre d’épaulards de la mer des Salish au large de la côte sud de la Colombie-Britannique est en déclin depuis 15 sans qu’il y ait eu de plan de rétablissement de la part du gouvernement fédéral. En mars, lorsque le plan final a été publié, il fut décevant, ne comprenant que de faibles recommandations pour venir en aide à ce groupe de baleines au bord de l’extinction.
Sans changement concret dans leur habitat essentiel, les possibilités de disparition complète de ces épaulards sont bien réelles.

A southern resident Killer whale (Orcinus orca) leaping out of the waters of Haro Strait, British Columbia, Canada
Épaulard résident du Sud (Orcinus orca) sautant hors de l’eau dans le détroit Haro, Colombie-Britannique, Canada

Le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) est déterminé à ce que ça ne se produise pas. Il en va de même pour les scientifiques qui ont fait des épaulards le sujet de travail de toute leur vie. Suite au dévoilement du plan final de rétablissement, 20 scientifiques marins se sont rassemblés pour écrire une lettre au premier ministre Justin Trudeau et aux ministres fédéraux des Pêches, de l’Environnement et des Transports demandant à Ottawa d’imposer une réduction du bruit provenant du transport maritime d’au moins trois décibels sur une période de 10 ans, avec une réduction éventuelle de 10 dB pour les 30 prochaines années.
Les épaulards résidents du Sud, comme les épaulards de la mer des Salish sont aussi connus, ne sont plus que 78 et sont considérés comme un groupe de mammifères marins en danger au Canada. Ils luttent tout comme leur aliment préféré, le saumon quinnat qui est en déclin, et ils sont menacés par le bruit marin, principalement celui provenant du transport maritime, qui rend difficile pour les épaulards de communiquer, se déplacer et trouver la nourriture.
Les scientifiques ont signé la lettre, que vous pouvez lire ici (en anglais), ont tous une expertise spécifique à propos des épaulards menacés de la mer des Salish ou ils travaillent sur les effets du bruit marin sur la vie marine. Ils soulignent que la cible de réduction de 3 dB sur 10 ans n’est pas suffisante pour la mer des Salish, étant donné la dégradation actuelle de cet habitat essentiel. Ces experts demandent à ce que l’objectif de réduction soit plus sévère.
Une réduction de 3 dB pourrait sembler faible, et sur terre, elle serait relativement mineure. Mais le son se déplace de façon vraiment différente sous l’eau; mettre en place une réduction de 3 dB ferait une grande différence. En prenant en considération le fait que le transport maritime devrait augmenter considérablement dans la mer des Salish dans la prochaine décennie, et que la pollution sonore devrait s’accroître par le fait même, nous devons agir maintenant si nous souhaitons arrêter, voire inverser la tendance.

Close up of three southern resident Killer whales (Orcinus orca) moving through the waters at Active Pass, British Columbia, Canada
Gros plan sur trois épaulards résidents du Sud (Orcinus orca) se déplaçant à travers les eaux de Active Pass, Colombie-Britannique, Canada

C’est un objectif réalisable, mais c’en est un qui nécessitera des solutions liées à la conception et à l’ingénierie, ainsi que des limites de vitesse obligatoires pour les navires se déplaçant dans l’habitat essentiel des épaulards. En agissant de la sorte, le Canada serait en adéquation avec les recommandations internationales concernant les réductions du bruit marin. Et surtout, rendre la mer plus calme créerait une condition idéale pour un rétablissement réussi des épaulards.
Le temps commence à manquer pour les épaulards de la mer des Salish. Malgré la publication d’un plan de rétablissement faible, le gouvernement fédéral a encore une chance d’agir pour sauver cette espèce.
Vingt scientifiques démontrent qu’une réduction de 3 dB du bruit marin est le minimum que nous puissions faire. Nous devrions les écouter.