Pleins feux sur une rivière oubliée

On peut à peine apercevoir le ruisseau Newman à l’extrémité nord de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Mais la rivière est bel et bien présente : elle coule sous les routes, les développements immobiliers et les banlieues.

Grenouille verte (c) Paul Reeves Photography

Comme c’est aussi le cas pour plusieurs cours d’eau urbains, de grandes portions du ruisseau Newman ont été enfouies au cours des deux dernières décennies pour laisser la place à l’expansion urbaine. Aujourd’hui, il est considéré comme faisant partie du réseau des eaux de ruissellement qui s’écoulent dans le fleuve Saint-Jean. Mais en regardant de près, vous apercevrez des truites mouchetées, des grenouilles vertes et d’autres créatures aquatiques nageant et barbotant dans ses eaux.
Ces espèces peuvent maintenant compter sur de nouveaux.elles ami.e.s : un groupe d’écocitoyen.ne.s armé.e.s de bottes-pantalons et de leur passion pour la conservation.
Grâce au soutien du Fonds de restauration du WWF, établi en partenariat avec Coca-Cola Canada, le volet Saint-Jean du Atlantic Coastal Action Program (ACAP) a commencé à dévoiler le ruisseau. En retirant les vieux ponceaux, les citoyen.ne.s remettent le débit de l’eau à son niveau d’origine, réduisant l’impact de la pollution et créant un environnement naturalisé.

Bénévoles plantant des arbres sur les berges du ruisseau Newman (c) ACAP Saint John

L’ACAP Saint-Jean a su rallier la communauté pour participer à la restauration du bassin versant. Lors de notre visite en novembre dernier, un groupe local de jeunes plantait des chênes à gros fruits avec enthousiasme, malgré la température très fraîche.
Au total, les bénévoles de Saint-Jean ont planté près de 500 arbres et arbustes l’an dernier, le long du ruisseau Newman et du ruisseau Caledonia voisin. Lorsqu’ils grandiront, ces plants fourniront non seulement un habitat pour les oiseaux et mammifères, mais ils procureront de l’ombre pour l’eau, créant des températures confortables pour les poissons qui y vivent.

La salamandre maculée est l’une des espèces qui pourront bénéficier du travail de restauration de l’ACAP (c) Jason Ondreicka

Ces efforts s’appuient sur des données scientifiques solides. Les employés d’ACAP ont passé plusieurs heures à tester la qualité de l’eau et à surveiller les espèces envahissantes. Ils ont marché tout le long du ruisseau et de ses affluents, évaluant le débit de l’eau et les habitats, notant les zones qui nécessitent une amélioration.
Ils ont rencontré quelques surprises, comme un vieux déversoir en bois dans le cours supérieur du ruisseau Newman. Visiblement négligé depuis plusieurs années, il empêchait les poissons de se rendre plus loin en amont. De retour au bureau, l’ACAP s’est mis en mode détective. Il s’avère que le déversoir avait été installé il y a 30 ans pour mesurer le débit d’eau et a été oublié avec les années.

Photos avant-après le retrait du déversoir en bois du ruisseau Newman (c) ACAP Saint John

En septembre, une équipe de l’ACAP outillée de façon appropriée et sécuritaire est donc retournée sur les lieux afin de démolir le déversoir abandonné. Une grosse averse, tombée plus tard dans la même journée, a terminé le travail, emportant les sédiments accumulés depuis trois décennies. Ainsi, les truites mouchetées, naseux noirs et autres poissons indigènes peuvent maintenant nager librement en amont.
À en juger par le plan de gestion détaillé créé par l’ACAP Saint-Jean pour les ruisseaux Newman et Caledonia, le travail ne fait que commencer. « Espérons qu’en revenant ici dans les dix prochaines années, vous verrez de réels changements dans ces bassins versants », affirme Graeme Stewart-Robertson, directeur principal de l’organisation.
Nous le croyons – et nous sommes fier.ère.s de soutenir cet excellent projet.
Le Fonds de restauration du WWF a été établi en collaboration avec Coca-Cola Canada pour financer des projets concrets comme celui-ci dans certains des bassins versants les plus menacés au Canada.