50 récits: Le Mékong, un fleuve unique à conserver

Le 29 avril 2011, le Fonds mondial pour la nature a célébré ses 50 ans d’engagement envers la protection de l’environnement. Pour souligner cet anniversaire, nous publions 50 récits en 50 jours, pour rappeler ce que tous ensemble nous avons accompli, et tenter de dessiner la voie des 50 prochaines années.

La région du Mékong est une merveille de la nature. Outre le tigre, elle abrite une grande variété d’espèces et, au cours de la dernière décennie seulement, l’on y a découvert deux nouvelles espèces chaque semaine.
Au cœur de cette immensité, le fleuve Mékong, qui parcourt près de 5 000 kilomètres, depuis les sommets enneigés du Plateau tibétain jusqu’en mer de Chine occidentale, traversant au passage la Chine, le Myanmar, le Laos, le Cambodge, la Thaïlande et le Vietnam.
Le Mékong abrite et nourrit une variété impressionnante d’espèces, et la pêche qu’on y pratique assure leur gagne-pain à 60 millions de personnes. Source d’eau et de nourriture, le Mékong est au cœur de la vie de plus de 300 millions de personnes appartenant à plus de 100 groupes ethniques.
Mais le fleuve est en danger, et la menace qui pèse sur lui pourrait s’avérer désastreuse pour la faune, la flore et les populations humaines dont la survie lui est étroitement liée.


Enfants au Cambodge transportant un panier rempli de harengs d’eau douce « pa mak pang » (Tenualosa thibaudeaui). Autrefois très abondant, ce poisson a presque disparu du Mékong. © Zeb Hogan / WWF-Canon
Quel est l’enjeu?
Le bassin du Mékong constitue le plus grand territoire continental de pêche sur la planète. L’on y trouve quatre des six principales espèces de poissons d’eau douce du monde, notamment la grande silure du Mékong, dont le poids peut atteindre 300 kg. Parmi les autres espèces menacées, mentionnons l’arcelle de l’Irraouadi, de la famille du dauphin, dont la population compte moins de 100 individus aujourd’hui, et que l’on trouve au Laos et au Cambodge.
Contrairement à bien d’autres grands fleuves de la planète, le cours inférieur du Mékong n’a pas encore été harnaché, mais cela pourrait changer bientôt… et ce serait catastrophique.
Les barrages envisagés sur le cours principal auraient pour effet d’empêcher de nombreuses espèces de poissons migrateurs d’atteindre leurs aires de reproduction, ce qui menacerait l’industrie de la pêche et une importante source de nourriture. Les variations du débit de l’eau et des sédiments représentent également une menace à long terme pour les habitants du delta du Mékong et pour la biodiversité qu’il abrite.
Où en est-on?
Le Fonds mondial pour la nature mène son action sur la totalité du parcours du Mékong, et travaille à contrer à la fois les menaces des barrages, de la surpêche et des changements climatiques.
Nous travaillons avec les populations locales, et avons fait la promotion de pratiques de pêche durable afin de favoriser la survie de la faune. Nos projets de pêcheries dans les communautés aident les gens à mieux gagner leur vie par une gestion durable des ressources aquatiques. Nous faisons également en sorte que les connaissances et l’expérience des communautés rurales servent à l’élaboration des politiques et stratégies de gestion régionales et nationales.
Nous travaillons par ailleurs à l’expansion du réseau de zones d’eau douce protégées. Ainsi au Laos, notre objectif est de porter de 72 à 100 le nombre de zones protégées d’ici la fin de 2011.

Le saviez-vous?
La pastenaque géante d’eau douce qui vit dans le Mékong peut peser jusqu’à 600 kg et mesurer la moitié de la longueur d’un autobus.
Quelques chiffres
850 – espèces de poissons d’eau douce vivent dans le Mékong
3 G$ US – valeur annuelle tirée du poisson dans le Mékong
11 – barrages hydroélectriques sont prévus le long du cours principal du cours inférieur du Mékong
Et maintenant?
Le 22 septembre 2010, la Commission du Mékong annonçait avoir reçu une « avis » du gouvernement du Laos pour la construction du barrage Xayaboury. Une évaluation est en cours, qui s’étendra sur une période d’au moins six mois. Si le projet est approuvé, il s’agira du premier barrage sur le cours principal du bas Mékong.
Chacun des barrages projetés sur le cours principal du bas Mékong aura une incidence sur tous les pays de la région – Laos, Cambodge, Thaïlande et Vietnam). L’écosystème dont dépend l’alimentation de base de plus de 60 millions de personnes serait bouleversé de façon irréversible, et entraînerait vraisemblablement l’extinction de la silure géante du Mékong, symbole de ce grand fleuve, et d’autres espèces de poissons.
La barrage Xayaboury est le premier d’une série de 11 grands barrages projetés sur le cours inférieur du Mékong. La population et l’économie connaissent une croissance rapide, et la région du Grand Mékong a grand besoin de nouvelles sources d’énergie. Or, l’énergie hydroélectrique offre une ressource renouvelable et propre.
Mais la construction de barrages sur le cours inférieur du Mékong – un des derniers grands fleuves coulant librement dans le monde – n’est pas la solution.
Nous demandons un moratoire de 10 ans avant qu’une décision soit prise à l’égard des barrages, de manière que les conséquences pour les régions touchées fassent l’objet d’un examen rigoureux.
Nous proposons, afin de répondre à la demande immédiate d’énergie, de réaliser des projets hydroélectriques durables sur des affluents choisis du Mékong, et de donner priorité à ceux qui comptent déjà des barrages hydroélectriques. Ces projets permettraient aux pays riverains du Mékong de combler leurs besoins énergétiques tout en préservant le débit naturel du fleuve.
Ce que vous pouvez faire
Renseignez-vous sur notre action dans le Grand Mékong – du tigre à la production durable  de rotin :
https://wwf.panda.org/what_we_do/where_we_work/greatermekong/
Soulignez nos 50 ans avec nous!
Donnez maintenant ou Adoptez un animal et aidez le WWF à relever les défis environnementaux des 50 prochaines années.
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