L’indispensable travail en coulisses de notre équipe de conservation

 Jarmila Becka Lee et Pete Ewins
L’été est finalement arrivé en Ontario, et nous voilà débarquant du train depuis Toronto pour aller nous terrer dans la salle de réunion sans fenêtre d’un hôtel d’Ottawa pour assister à une réunion de deux jours avec une douzaine de représentants d’associations industrielles et de groupe environnementaux. Nous sommes venus assiter à une réunion du Comité consultatif sur les espèces en péril, qui conseille les ministres fédéraux chargés de l’application de la Loi sur les espèces en péril du Canada. Voilà le genre de choses que l’on fait – loin des feux de la rampe, mais néanmoins indispensable – dans le cadre de notre travail pour la protection et la conservation de la faune.
Le Fonds mondial pour la nature est un membre très actif de ce Comité depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur les espèces en péril, il y a six ans. Et, assez régulièrement depuis que le Canada a finalement décidé que nous avions besoin d’une réglementation sur les espèces en péril, nous rencontrons les ministres de l’Environnement et des Pêches et Océans, les deux ministères les plus étroitement liés à l’application de cette loi fédérale. Derrière les portes closes, nous abattons pas mal de travail avec les autres membres du Comité. Il faut dire que le travail du Comité auprès du gouvernement du Canada, surtout en ce qui concerne la manière d’appliquer la législation plus efficacement, est essentiel au rétablissement des espèces en péril et des habitats indispensables à leur survie.
Entre nous (Jarmila et Pete), nous nous partageons la participation aux réunions – deux grosses réunions par année – de ce comité en tant que représentants du Fonds mondial pour la nature. Voici ce que nous avons fait au cours de cette dernière semaine.

Jarmila Becka Lee, du Fonds mondial pour la nature, à la réunion du Comité consultatif sur les espèces en péril (c) Pete Ewins/WWF-Canada
Impacts des changements climatiques – Il s’agit ici des changements attendus aux habitats – beaucoup plus rapides que prévu – et des perspectives d’adaptation des espèces, une menace très grave pour la biodiversité, évidemment; l’exercice consiste à évaluer le phénomène à l’échelle locale et globale. Ici, Jeff Price, scientifique principal en matière de climat au Fonds mondial pour la nature,  a présenté un webinaire sur la situation mondiale à partir de son bureau du Royaume-Uni. Nous sommes très fiers de pouvoir partager les résultats et les données de cette recherche de pointe sur l’un des plus formidables enjeux auxquels sont actuellement confrontés les biologistes de la conservation, c’est-à-dire le rythme effréné des changements qui touchent les écosystèmes.

Rétablissement des espèces aquatiques et de leurs habitats – Il est primordial, pour que le rétablissement des espèces soit bien réel, de bien cerner – puis de les protéger – les habitats vitaux, essentiels à la survie et au rétablissement des espèces. Cette tâche peut être particulièrement ardue en ce qui touche les espèces marines et d’eau douce, qui parcourent souvent de très longues distances au cours de leurs cycles de vie (pensons au saumon de l’Atlantique); en outre, la recherche sur ces espèces est souvent moins avancée ou approfondie que celle qui s’intéresse aux espèces terrestres. Malgré tout, la loi canadienne sur les espèces en péril prévoit des stratégies de rétablissement pour identifier les habitats les plus importants.


Tirer des leçons du passé – La loi canadienne sur les espèces en péril est encore relativement jeune, et il est donc important de s’inspirer des expériences passées de rétablissement qui ont produit des résultats positifs, au Canada et ailleurs, afin d’en appliquer les principes pour une implantation efficiente de notre législation. C’est là que l’expérience du Fonds mondial pour la nature partout sur la planète peut jouer un rôle important. Par exemple, l’engagement crucial – et fructueux – qui a mené (avec l’aide du WWF) à la création de la réserve marine écologique de tortues des Keys, en Floride, pourrait être appliqué au Canada là ou les communautés, les industries, ONG, gouvernements, Premières Nations et scientifiques peuvent tous contribuer à la protection et au rétablissement d’espèces en péril.
Voilà. Que nous soyons sur le terrain à participer à un projet de recherche en Arctique, ou assis dans une pièce sombre à discuter de la meilleure manière de convaincre un gouvernement de prioriser la sauvegarde de la nature et de la faune, notre travail au quotidien vise toujours le même objectif : la protection et le rétablissement de notre faune et de ses habitats. Et ce n’est pas le boulot qui manque!