La mégafaune islandaise

Peut-être, mais ce n’est pas sans raison : si c’est ce qui intéresse les gens, alors c’est le moyen idéal d’engager une conversation et de parler de conservation! Dans l’Arctique, on parle de morses, de baleines et, bien sûr, d’ours polaires. Mais je suis à Akureyri, en Islande, en ce moment, et je compte bien vous parler d’un autre type de mégafaune arctique… les gens!
Le congrès international des sciences sociales de l’Arctique n’a lieu qu’à tous les trois ans, et il est important pour le Fonds mondial pour la nature d’y assister pour être au fait des tendances et de l’information la plus récente en ce qui touche aux populations de l’Arctique, qui sont au cœur de notre action en matière de conservation. Or, à moins de travailler avec elles, et à moins que nos projets de conservation ne leur soient utiles, tout notre travail sur et dans l’Arctique ne sera que pure perte. Le congrès réunit des experts de tous les horizons, notamment de la Chine, pour parler des populations de l’Arctique, de leurs aspirations et impacts, de leur société et de leur adaptation à un monde où le changement roule à plein régime.
J’ai eu un aperçu des changements qui surviennent dans l’Arctique, aujourd’hui, et comment cela touche les gens. Il fait froid à Akureyri, plus froid que d’habitude en été. Nous sommes à la fin du mois de juin et encore sous les 10 degrés. Et la sterne arctique, m’a-t-on dit aujourd’hui, ne s’accouple pas. Or, si l’accouplement n’a pas lieu bientôt, c’est une génération entière qui manquera la longue migration vers l’Antarctique. Les gens sont inquiets des effets de ce phénomène sur les écosystèmes. On m’a également dit que les pêcheurs locaux, le long de cette côte nord de l’Islande, se préparent généralement à la pêche au krill à ce temps-ci de l’année, mais ils n’en ont pas encore vu, et les pêcheurs pensent que la température plus basse de l’eau est en cause. Mais d’où vient ce froid exceptionnel? La théorie que j’ai entendue veut que la chaleur inhabituelle qui sévit au nord-ouest d’où nous sommes empêche la glace de se former dans l’océan arctique, et que la plus grande quantité d’eau libre là-bas a modifié les cycles du climat ici. Voilà précisément le genre d’incertitude que les scientifiques réunis ici sont venus tenter de comprendre.


Les gens d’ici disent que la neige aurait déjà dû disparaître de nombreuses collines d’Islande, et que cela perturbe le cycle de pâturage de leurs moutons.