Le vol du papillon

 Kristy Woudstra, directrice, Communications
Nous suivons nos guides à travers une forêt dense, parsemée de pierres qui roulent sous nos pieds, et de barrières naturelles que nous franchissons à la queue leu leu. Les guides semblent trouver tout cela facile, et maintiennent le rythme sans peine. Pour ma part, je souffle et je sue, et j’ai rapidement perdu l’illusion que j’étais relativement en forme!

(c) Paul Bettings/WWF-Canada
Après avoir atteint le sommet à 3 700 mètres, nous redescendons en zigzaguant entre les arbres jusqu’au moment de vérité : voilà la colonie de monarques que nous cherchions!
Je scrute, bouche bée, le sommet des arbres, dont les branches supérieures courbent sous le poids des papillons qui s’y sont rassemblés pour hiberner. L’air est frais et les nuages masquent les rayons du soleil. Il y a là des milliers et des milliers de papillons massés, quasiment immobiles si ce n’est de l’occasionnelle pulsation de ce corps vivant. Il règne dans cette colonie un calme impressionnant.

Nous observons ici les premiers papillons arrivés dans les montagnes du Michoacán, dans le centre du Mexique. Leur nombre est impressionnant mais ils ne représentent que le quart du nombre total de papillons qui passeront l’hiver ici. Eduardo Rendón-Salinas, un de nos guides et chef du programme du WWF pour le monarque, est un expert reconnu de ce beau papillon. Il affirme que les monarques commencent à arriver très ponctuellement à la toute fin d’octobre et au début de novembre, et qu’ils resteront ici jusqu’à la mi-février.
La légende locale veut que le monarque – monarca en espagnol – abrite l’âme des morts revenus visiter leur famille. C’est sans doute dû au fait que les papillons arrivent au moment des célébrations du Jour des morts les 1er et 2 novembre.

Ces créatures d’apparence si frêle demeurent un mystère. De l’est des Rocheuses à l’ouest des Grands lacs, les papillons voyagent jusqu’à 4 000 kilomètres pour se rendre ici même, à ce moment même de l’année, année après année. Personne ne sait comment ils retrouvent ces montagnes d’une année à l’autre, et leur phénoménale migration continue d’intriguer la communauté scientifique.
Eduardo Rendón-Salinas travaille auprès des monarques depuis 1993, et sa passion pour ce papillon est contagieuse. Ce qui le fascine le plus, c’est le don qu’a le monarque de reconnecter les gens à la nature. Plantée au milieu de cette forêt, imprégnée de la sérénité et de la force tranquille qui se dégagent de cette colonie endormie, je comprends parfaitement ce qu’il veut dire.
Cliquez ici pour découvrir comment soutenir les projets de conservation du papillon monarque. (en anglais pour l’instant)