Vertes prairies

J’ai voyagé au Tibet avec ma mère à l’été 2003, et nous avons passé une semaine dans la capitale Lhasa et les régions avoisinantes. La première chose que j’ai remarqué en arrivant était la clarté et la pureté du ciel. Il àala fois si infini et près de moi! Nous en avons eu le souffle coupé.
Je m’attendais à retrouver avec bonheur et émerveillement la beauté du Tibet en voyant le documentaire Summer Pasture, présenté en première au Canada hier soir dans le cadre du festival Ciné-Asie de Toronto. Le film suit un jeune couple de nomades, Locho et sa femme Yama qui, en compagnie de leur bébé et d’un troupeau de yaks turbulents, vivent dans la communauté de Dzachukha, dans le Sichuan- Kham, en Chine.
Le plus frappant de ce documentaire, c’est la caméra qui a su s’insinuer dans l’intimité de cette petite famille, et l’on est témoin de la complicité de ce jeune couple qui se chamaille et se taquine et chante ensemble, tout en effectuant les tâches quotidiennes. Une vie éreintante et jamais un jour de congé.
« Il n’y a rien de plus gracieux que la terre, rien de plus mortel que le ciel », déclare Locho.
Leur vie est difficile, c’est le moins qu’on puisse dire. Au début du film, l’on assiste à une scène surnaturelle : un réveil matin tonitruant en forme d’ours, qui chante et danse pour réveiller la petite famille à 4 heures du matin. C’est à cette heure que Locho doit commencer à préparer ses yaks pour la sortie quotidienne.
Mais c’est certainement Yama, femme et mère, qui a le travail le plus dur. Avant même les premières lueurs de l’aube, Yama est déjà au travail. On la voit traire les yaks, nettoyer la tente, faire bouillir le lait, baratter le beurre, préparer le fromage, ramasser le crottin de yak et le mettre à sécher pour l’utiliser plus tard comme combustible domestique, aller chercher l’eau potable, laver les vêtements, fabriquer les quenelles du repas et, s’il lui reste du temps, faire quelques caresses à son bébé, comme si elle s’accordait un luxe.

La caméra suit davantage Yama dans ses tâches quotidiennes, et c’est dû en partie au fait qu’elle n’arrête jamais! Elle est sans cesse en mouvement, en train de faire quelque chose. Il devient évident que ces tâches sont ce qui la définit, et qu’elle est fière de sa vigueur et de sa compétence comme maîtresse du foyer dans des conditions difficiles.
Lorsqu’on arrive vers la fin du film, on se rend compte à quel point Locho et Yama dépendent de la terre et de ce que la nature donne, et prend. On comprend qu’ils puissent parler de leurs yaks comme s’il s’agissait de leurs propres enfants, et on ne peut s’empêcher de souffrir avec eux lorsqu’ils envisagent d’abandonner leur mode de vie pour aller s’établir en ville et permettre à leur fille d’aller à l’école.
« Je n’abandonnerai mon  mode de vie pour rien au monde, déclare Locho au début du film. Mais on sait que ce n’est pas vrai, et peut-être le savait-il lui aussi.
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Le festival Ciné-Asie de Toronto s’est tenu du 8 au 13 novembre à Toronto, et les 18 et 19 novembre à  Richmond Hill.
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