Le froid, c’est hot! Ou comment faire de chaque jour une Journée de la p’tite laine

Trish Snyder
J’ai pris très jeune l’habitude de préparer le soir mes vêtements du lendemain. Au cœur de l’hiver, ça ressemble à ceci :
1 paire de vous savez quoi
1 caleçon long
1 paire de jeans
1 camisole
1 chandail de coton à manches longues
1 col roulé épais
1 gros chandail en laine
1 veste en polar (facultatif)
1 paire de pantoufles à semelle épaisse
1 paire de bas en laine de mérinos
1 écharpe de laine (facultatif)

Photo prise par Morgan Harris, la fille de Trish.

Je le sens, vous pensez déjà que je travaille à l’extérieur toute la journée à me geler les pieds et les mains? Eh non! En fait, je travaille à mon compte comme rédactrice, et je suis très souvent à la maison. Ce qui ne m’empêche pas d’empiler les couches comme un oignon pour affronter la journée, car j’ai adopté une politique de chauffage pour mon bureau : quand je suis seule à la maison, j’éteins le chauffage. Pour moi, chaque jour est une Journée de la p’tite laine!
J’ai commencé ça il y a quelques années, lorsque j’ai quitté un emploi à plein temps pour travailler à la pige. À la maison, nous avions déjà programmé le thermostat pour que la température passe à 16C quand tout le monde quittait le matin pour le travail ou l’école, et repassait à 20C à notre retour le soir. Le premier matin de ma nouvelle vie de pigiste, j’étais en train de travailler dans mon bureau du sous-sol lorsque j’ai senti un frisson. Je suis allée vérifier le thermostat, qui était passé au milieu de la matinée à 17,5C au rez-de-chaussée. Hmmm, pas étonnant qu’il fasse froid au sous-sol, moins bien isolé que l’étage supérieur!
J’aurais pu en un tour de main redémarrer la fournaise et faire repasser la température ambiante à 20C, pas mal plus confortable, et j’avoue avoir été très tentée. Je dois dire que je suis d’un naturel frileux, je déteste avoir froid tout le temps, et il n’y a pas de raison d’avoir les mains gelées dans ma propre maison! Autrement dit, j’avais d’excellentes raisons de repartir le chauffage!
Mais ma petite voix écolo intérieure s’est fait entendre – ma petite voix qui résonne à l’année dans ma tête, qui me fait commander des produits bio auprès des maraîchers locaux, payer un peu plus cher pour l’énergie verte de Bullfrog (j’habite Toronto), et m’a fait chercher un à un des produits écologiques quand nous avons rénové la cuisine.  Mon cerveau écolo s’est donc demandé s’il était logique de chauffer TOUTE la maison alors que je n’en occupais qu’UNE pièce? Après tout, m’a-t-il rappelé, je ne cesse de rebattre les oreilles de mes enfants pour qu’ils éteignent la lumière lorsqu’ils quittent une pièce. Alors j’ai enfilé un gros chandail et je me suis préparé un pot de thé bien chaud.
Mes enfants me traitent d’excessive. Quant à moi, je préfère me qualifier de passionnée et d’optimiste, et je précise tout de suite que je ne force personne à la maison à faire comme moi. Néanmoins, j’espère montrer à mes enfants que la vie est une longue série de décisions et de choix, et que chaque décision que l’on prend laisse une empreinte écologique. J’espère simplement prendre davantage de bonnes que de mauvaises décisions.
Certains jours, lorsque le mercure tombe à 16C et que je grelotte sous toutes mes couches, je fais une petite entorse à ma politique de non-chauffage et j’allume un petit calorifère électrique pendant une dizaine de minutes, le temps de me préparer un pot de thé épicé et de réfléchir à ma dépendance au thé et à mon empreinte eau. Au moins, je chauffe l’eau sur ma cuisinière à induction à faible consommation d’électricité!
Trish Snyder est directrice de la rédaction d’EcoLiving, magazine et site Web de Green Living et Scotiabank dont l’objectif est d’aider les citoyens à faire des choix écologiques pour la maison. Un de ces jours, nous irons isoler son sous-sol!