Appel à un nouvel élan en matière de biodiversité marine – Le Canada devra donner un sérieux coup de barre

Hier, la Société royale du Canada déposait son rapport sur le maintien de la biodiversité marine au Canada. Les conclusions du rapport confirment les sombres perspectives à l’égard des océans du Canada : moins de trois pour cent de nos océans sont protégés, contre près de dix pour cent du territoire terrestre.
Selon le rapport, certaines rivières de la Colombie-Britannique s’assècheront progressivement et l’eau deviendra trop chaude pour les jeunes saumons, le homard risque de voir sa carapace ramollir, et les océans de la planète absorbent de plus en plus du dioxyde de carbone produit par les combustibles fossiles. En outre, des années après l’effondrement des populations de morues, autrefois foisonnantes et sources d’une industrie florissante, le Canada n’a toujours pas de plan d’action clair pour la reconstitution des stocks de poissons au large de Terre-Neuve. La liste est longue.

© Natalie Bowes / WWF-Canada

L’analyse par les experts de la situation actuelle et des tendances futures a mené à l’élaboration de plusieurs recommandations très pertinentes, notamment :
– la Loi sur les pêches (l’une des plus anciennes lois au Canada) doit être modernisée;
– le ministère fédéral des Pêches et Océans doit délaisser la rhétorique stérile et passer à l’action afin que le Canada respecte ses engagements nationaux et internationaux en matière de préservation de la biodiversité marine;
– la gestion des pêches doit reposer sur les connaissances scientifiques, et non être tributaire des intérêts politiques;
– il est temps pour le gouvernement de prendre au sérieux la situation des océans, et de réduire les pouvoirs du ministère des Pêches et Océans.
Je me demande si le gouvernement prendra en compte ces recommandations, car bien des arguments économiques agissent comme désincitatifs à une réforme. Voilà pourquoi les incitatifs devront venir précisément du marché et de l’économie eux-mêmes, pour venir à bout des résistances tenaces des institutions et de certains ténors du discours économique.
L’introduction de mesures incitatives puissantes contribuera à une réforme effective des pêches. Or le WWF a déjà à son actif plusieurs projets fructueux visant à faire converger les forces du marché et les objectifs de conservation. Par exemple, le projet Fisheries Improvement mené à Terre-Neuve entourant la morue réunit les forces du marché – p. ex. la demande de morue de stocks durables de la part d’un détaillant du. R.-U. – et des mesures d’amélioration de la gestion des pêches – notamment par l’utilisation de l’outil de certification MSC – afin d’atteindre l’objectif ultime de la reconstitution des stocks de poissons sauvages.
Verrons-nous bientôt l’adoption d’un plan vigoureux de rétablissement de l’industrie de la pêche à la morue au sud de Terre-Neuve? Souhaitons-le, car le rapport de la Société royale du Canada n’a pas manqué d’en souligner la cruelle absence.