Mort d’un épaulard – le sonar serait-il en cause?

Le 11 février dernier, l’on a découvert le corps d’un épaulard sur une plage de l’État de Washington. L’animal avait subi de sérieuses lésions à la tête, au thorax et du côté droit. La jeune femelle est morte quelques jours à peine après la fin d’exercices de formation menés par la marine canadienne au large de Victoria, en Colombie-Britannique, dans des eaux désignées comme habitat essentiel de l’épaulard résident du sud.

Deux épaulards (Orcinus orca) résidents du nord nageant à la surface au large de la côte centrale de la Colombie-Britannique, Canada © Natalie Bowes / WWF-Canada
On a pu identifier l’épaulard : L112, membre du groupe familial L des résidents du sud. Une autopsie complète a été réalisée de l’animal, mais les résultats n’ont pas permis de tirer des conclusions claires. La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis mène actuellement une enquête sur la mort de cet épaulard.
L’épaulard figure parmi les espèces menacées au Canada (Loi sur les espèces en péril) comme aux États-Unis (Endangered Species Act). Les deux pays exigent également la protection de l’habitat essentiel de ces cétacés. Il reste actuellement moins de 90 individus de cette espèce emblématique vivant à l’état sauvage. Et maintenant il y en a un de moins.
Le WWF compte parmi les huit groupes qui ont écrit au ministre de la Défense le mois dernier pour demander que les exercices militaires au sonar soient exclus de la zone d’habitat essentiel de l’épaulard.
Nous avons demandé à la Marine de dévoiler toute l’information dont elle dispose entourant l’ensemble des activités menées par la frégate Ottawa de la marine canadienne et autres navires participant aux exercices réalisés du 1er au 17 février dans le détroit Haro, le détroit de Juan de Fuca et sur les rivages extérieurs, et notamment l’information relative à l’utilisation de sonar, d’explosifs et autres systèmes acoustiques actifs.
Nous avons pressé la Marine de délimiter les eaux intérieures de la mer des Salish, et autres habitats essentiels pour l’épaulard résident du sud, et de les désigner comme zone d’exclusion et d’y interdire les exercices avec des sonars actifs à moyenne fréquence  et autres systèmes acoustiques actifs de forte intensité. La création d’une telle zone d’exclusion s’imbrique parfaitement dans la stratégie du MPO de rétablissement de l’épaulard résident du nord et du sud. En effet, les perturbations acoustiques et la dégradation de l’habitat découlant des exercices militaires avec sonars actifs à moyenne fréquence comptent parmi les menaces à l’égard desquelles le gouvernement doit impérativement adopter des mesures.
Nous avons également demandé expressément à la marine canadienne de travailler en collaboration avec la marine des États-Unis afin de renforcer leur action commune de gestion de la faune de cette zone marine. La marine étatsunienne a déjà affirmé qu’elle ne mènera pas d’exercices avec sonar dans la zone élargie de Puget Sound sans avoir préalablement obtenu l’approbation du commandant de la flotte du Pacifique et du service national des pêches maritimes.
Les baleines, à l’instar des autres espèces, ne connaissent pas les frontières nationales. Il appartient à  nos marines de collaborer et de veiller à ce que leurs navires se conforment à des normes rigoureuses de prudence lorsqu’ils sillonnent ces eaux transfrontalières étroitement interconnectées.