Le Sénat du Mexique adopte à l’unanimité une loi sur les changements climatiques

En adoptant cette loi ambitieuse en matière de changements climatiques, le Mexique vient de poser un geste qui passera à l’histoire. En effet, le Sénat a adopté à l’unanimité – 78 votes pour et aucun vote contre – la Ley General de Cambio Climático. Contrairement à ce que fait le gouvernement canadien ces temps, le gouvernement du Mexique a misé sur la collaboration de tous les partis pour créer un consensus et faire du réchauffement climatique une priorité urgente. Un signe de maturité politique que cette approche qui affirme que le réchauffement climatique n’est pas – et ne doit pas être – un enjeu partisan.
Voilà la toute première loi du genre sur les changements climatiques adoptée en Amérique du Nord, et par un pays en développement. Le projet de loi était sur la table depuis deux ans, et le Mexique est donc le deuxième pays après le Royaume-Uni à adopter une loi en matière de réchauffement climatique.
On ne peut s’empêcher de constater l’écart entre ces deux pays et la position adoptée par le Canada à la fin de 2010, lorsque notre Sénat a voté contre une loi sur le réchauffement climatique – la Loi sur la responsabilité en matière de changements climatiques – qui avait pourtant reçu l’appui du Parlement. Le Sénat a en effet ce jour-là défait un projet de loi à raison de 43 contre 32.
Aujourd’hui, le Mexique ouvre une nouvelle voie responsable et prend le taureau par les cornes malgré que le pays traverse une période difficile sur le plan économique, et en dépit de son extrême dépendance à l’égard des revenus pétroliers – une source d’énergie elle-même grandement responsable du réchauffement de la planète. De fait, le gouvernement du Mexique estime que cette loi répond à un besoin économique, car elle prévoit un virage important vers les énergies renouvelables en lieu et place de subventions aux industries du pétrole, du charbon et du gaz.

Quelques éléments de la nouvelle loi
– Réduire les émissions de 30 % d’ici 2020, et de  50 % d’ici 2050 (par rapport aux niveaux de 2000)
– Tirer 35 % de l’électricité de sources propres d’ici 2024
– Rendre les énergies renouvelables concurrentielles économiquement d’ici 2020
– Éliminer progressivement toute subvention aux industries du pétrole, du charbon et du gaz
– Créer un fonds national pour le climat
– Créer un institut national de l’écologie et des changements climatiques
– Mandater l’élaboration d’une politique nationale d’atténuation, d’une stratégie nationale en matière de changements climatiques et d’une politique nationale d’adaptation
– La Loi tient compte des émissions découlant de la déforestation et de la dégradation des sols (3e source d’émissions en importance dans le pays)
La loi, qui avait reçu l’appui du Parlement la semaine précédente – 280 votes contre 10 – sera maintenant présentée officiellement par le président Calderón.
À l’heure de souligner le triste deuxième anniversaire de la catastrophe du Deep Water Horizon, dans le golfe du Mexique, la symbolique et l’importance d’un geste nécessaire ne pouvaient être mieux illustrés que par cette décision historique en faveur de notre environnement à tous.