Le marché du changement : protéger le climat, 100 millions de tonnes à la fois

La nouvelle : Ecofys (une firme internationale de consultants en énergie) rapporte que les entreprises adhérant au programme Protecteurs du climat du WWF (voir mon blogue précédent à ce sujet pour en savoir plus) ont réduit leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2) de plus de 100 millions de tonnes entre 1999 et 2011. Qu’est-ce que cela signifie exactement? Cela veut dire qu’en changeant leur façon de travailler – de leur centre d’opérations à leurs chaînes d’approvisionnement – les entreprises du réseau Protecteurs du climat ont diminué leurs émissions cumulatives de l’équivalent de deux fois le CO2 émis chaque année par la Suisse. C’est super! Et en continuant de remplir leurs engagements, ces sociétés pourraient encore réduire leurs émissions au-delà de 350 millions de tonnes d’ici 2020 – soit presque l’équivalent de ce qu’émet l’Espagne chaque année!

Photo : istockphoto.com/WWF-Canada
Jess Fisher, Directrice des partenariats stratégiques et responsable du programme Protecteurs du climat pour le WWF-Canada – que je vous ai présentée dans mon dernier blogue – était aux Pays-Bas du 9 au 11 mai pour se familiariser avec ces entreprises. La rencontre a débuté dans un immeuble à la fine pointe des technologies vertes, propriété de la société hollandaise d’énergies renouvelables Eneco, décor parfait pour encourager les entreprises à s’engager sur la voie d’un avenir allégé en carbone. La première journée, un forum d’affaires appelé NEXT invitait les chefs d’entreprises à discuter des défis et possibilités que représente l’introduction du concept de durabilité dans leurs secteurs d’activités et leurs propres sociétés, dans une perspective de changement significatif. Le lendemain, l’atelier Protecteurs du climat a permis aux 27 entreprises adhérentes d’échanger entre elles leurs connaissances; occasion idéale pour annoncer les formidables résultats obtenus à ce jour par les membres. Un moment inspirant! Imaginez une salle pleine de chefs d’entreprises engagés dans la cause des pratiques responsables, qui apprennent la réussite de leurs actions et de celles de leurs pairs.
En plus de rapporter ce bilan des succès des Protecteurs du climat, Ecofys affirme qu’un potentiel de réductions bien plus importantes des émissions existe et qu’il est immense si d’autres entreprises emboîtent le pas aux membres actuels du programme. La vision qu’entretient le WWF pour les Protecteurs du climat est que ces sociétés gagnées à la cause fixent des cibles ambitieuses de réduction du carbone, des cibles de chefs de file dans ce domaine, et qu’elles prennent des mesures pour atténuer leurs principaux impacts en matière de durabilité. Le WWF souhaite que cela produise un effet d’entraînement dans le monde industriel, en faisant la démonstration qu’il est non seulement possible, mais bénéfique d’augmenter son chiffre d’affaires sans augmenter ses émissions de CO2. Si d’autres grandes sociétés suivent l’exemple des 16 secteurs où agit le programme, on éviterait d’envoyer dans l’atmosphère jusqu’à 1000 millions de tonnes en 2020. C’est encore plus que ce qu’émet annuellement l’Allemagne.
J’ai l’impression que la vision du WWF commence à porter fruits. Comme l’a fait remarquer Jess : « C’était vraiment inspirant de se retrouver dans une salle avec 50 personnes représentant des entreprises comme Coca-Cola, Tetra Pak et Volvo, et d’entendre parler des expériences, des défis et des succès des meneurs sur le front climatique. Même s’ils œuvrent dans différents secteurs industriels, les défis qu’ils ont à relever sont semblables, comme celui de mesurer et de réduire les émissions dans leur chaîne d’approvisionnement, et c’était très intéressant de les entendre formuler diverses solutions utiles. Ce qui m’a le plus emballée, c’est l’intérêt qu’ils ont manifesté pour le rôle actif que peuvent jouer les entreprises afin d’influencer les politiques environnementales. Ils se montrent aussi disposés à mettre leurs différends de côté : dans le monde des Protecteurs du climat, des concurrents vont même jusqu’à travailler ensemble pour accomplir les changements essentiels à la santé de notre planète. »