Luttons contre la pollution, un sac à la fois

Carolyn Dawe, Programme jeunesse du WWF-Canada
En 2005, j’ai fait une traversée en solo de quelques mois en Afrique de l’Est. Ce genre de voyage comporte toujours son lot de surprises et de défis, mais j’étais loin de me douter que le sac de plastique serait l’une des grandes découvertes de mon périple!
Arrivée au poste frontière entre l’Ouganda et le Rwanda, j’ai remarqué que tous les sacs étaient fouillés. N’ayant rien à cacher, j’ai attendu sereinement en ligne, convaincue que je passerais le point de contrôle dans le temps de le dire. Lorsque mon tour est arrivé, les contrôleurs ont commencé à vider mon sac tout en me parlant d’un ton assez sec. J’ai mis un moment à comprendre, finalement, qu’on s’en prenait aux sacs dans lesquels j’avais enveloppé mes effets de toilette, mes vêtements sales, mes souliers, etc. C’est là que j’ai appris que le Rwanda n’autorise pas les sacs de plastique sur son territoire et a même adopté un règlement pour les bannir complètement. Je ne suis pas retournée au Rwanda depuis cette année-là, mais des amis qui y sont allés m’ont dit que le pays est l’un des plus propres et où l’on voit le moins de détritus dans toute l’Afrique, ce qui découle fort probablement de cette politique avant-gardiste.

Revenons aujourd’hui au Canada, où la réduction du nombre de sacs de plastique n’est pas une priorité pour nos politiques à l’exception peut-être de Toronto qui a récemment bannit les sacs de plastique sur son territoire.
Avant cette décision, Toronto était une des trop rares villes canadiennes où il est obligatoire de facturer les sacs de plastique aux clients. Or en 2011, l’on a ramassé à travers le pays plus de 75 000 sacs de plastique dans le cadre du Grand nettoyage des rivages canadiens, dont plus de 25 000 de ces sacs en Ontario. Loblaw, l’une des plus grandes chaînes d’épiceries au pays, a été l’une des premières entreprises à monter au front pour réduire l’usage des sacs de plastique au Canada, en facturant 0,05 $ pour chaque sac distribué dans ses points de vente d’un océan à l’autre. Depuis l’adoption de cette politique en 2007, ce sont 3,8 milliards de sacs en moins qui sont distribués à travers la chaîne Loblaw, qui a fait don des produits tirés de la facturation des sacs à des programmes environnementaux tels que le Grand nettoyage des rivages canadiens et le Programme de subventions scolaires écocommunautaires du WWF, dans le cadre duquel plus de 500 000 $ ont été versés à des écoles canadiennes pour mener à bien leurs projets verts.
Il serait illusoire de penser qu’on bannira complètement les sacs de plastique comme au Rwanda, mais cela me rassure de voir tant de gens s’engager le jour du Grand nettoyage des rivages et parcourir nos berges pour les débarrasser de tous les détritus qui les encombrent, et de voir des entreprises prendre les moyens d’éliminer le problème à la source.