Une recherche établit que l’intensification du bruit en mer stresse les baleines

Généralement, lorsqu’on pense aux dégâts environnementaux dans les océans, on a en tête les déversements de pétrole comme celui de l’Exxon Valdez, et les catastrophes survenues au large, comme l’explosion de la plateforme de BP dans le golfe du Mexique il y a quelques années. On ne pense guère à l’impact du bruit sur les habitants de la mer, or l’activité humaine s’intensifie sur et dans les océans, et ces activités sont de plus en plus bruyantes!

Deux rorquals à bosse (Megaptera novaeangliae) près d’une petite embarcation, Canada. © J. D. Taylor / WWF-Canada
Quelques chiffres – Une étude menée dans le sud de la Californie a démontré qu’en profondeur, les niveaux de bruit en 2003-2004 étaient de 10 à 12 décibels de plus qu’en 1964-1966, ce qui représente une augmentation moyenne de trois décibels par décennie. L’augmentation abrupte du bruit dans les océans n’a d’égale que l’intensification du trafic maritime à travers la planète. Selon les calculs de l’Organisation maritime internationale (OMI), le commerce international par mer a atteint 8,2 milliards de tonnes de produits en 2008. Si cette courbe de croissance se maintient, ces 8 milliards de tonnes seront 23 milliards de tonnes en 2060.
Le WWF sonne l’alarme –  Le projet de trafic maritime accru sur la côte nord de la C.-B. prévoit des centaines de grands navires de plus circulant dans des voies étroites, ce qui entraînera une augmentation très marquée du bruit sous-marin. WWF-Canada a tenu un atelier sur le bruit dans l’océan, qui a  réuni de nombreux chercheurs de premier plan pour discuter et partager leurs connaissances sur le sujet.
Même un niveau peu élevé de bruit peut nuire aux baleines – Une des conséquences inattendues des attaques terroristes du 11 septembre 2001 a été de confirmer que l’exposition au bruit d’un bateau, même à faible fréquence, est associée au stress chronique chez les cétacés. Des chercheurs faisant des tests en mer ont remarqué le silence qui s’est installé dans l’océan lorsque le trafic maritime s’est interrompu immédiatement après les attentats du 11 septembre. Ils ont analysé les niveaux de bruit sous-marin avant et après les attaques, et ont comparé ces données avec des niveaux de métabolites hormonaux liés au stress, prélevés dans des échantillons fécaux de baleines noires recueillis immédiatement avant et après les attentats. Ils ont décelé une corrélation très nette : la diminution du bruit de fond sous-marin correspondait à une baisse des niveaux d’hormones liés au stress chez les baleines. Leurs conclusions ont été publiées cette année dans une étude, revue par des pairs, intitulée Evidence that ship noise increases stress in right whales.
Le chercheur en chef, Douglas Nowacek de l’université Duke, a déclaré ce qui suit : « Il y a eu une diminution du bruit sous-marin de l’ordre de 6 décibels dans la baie à la suite des attentats du 11 septembre, et une diminution très marquée des faibles fréquences sous les 150 hertz. Dans les années qui ont suivi, le trafic maritime – et le bruit – a augmenté, de même que les niveaux d’hormones liés au stress chez les cétacés. »
Il y a des solutions – On peut construire des bateaux moins bruyants, restreindre ou détourner les voies de circulation maritime proches de certains habitats, créer des zones de protection marine pour qu’il existe des endroits tranquilles en mer, et fixer des budgets de bruit en fonction des habitats. Une autre solution consisterait à mettre au point des plans d’action et des règlements précis pour protéger les baleines et autres mammifères marins contre une série de menaces, notamment le bruit. Ce sera le sujet de mon prochain blogue. Ne manquez pas de revenir nous lire!