Histoires de baleines

Saviez-vous que le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a évalué 46 des 49 espèces de mammifères marins au Canada, et que 19 de ces espèces sont en péril? Cela représente 41 pour cent des espèces qui ont été évaluées!
Dans son récent mémoire présenté au ministère des Pêches et Océans (MPO) sur la révision du Règlement sur les mammifères marins, le Fonds mondial pour la nature recommandait que soient renforcé ce Règlement afin d’accroître la protection accordée à ces précieuses espèces.

Baleine boréale dans la réserve de Niginganiq, au Nunavut. © Paul Nicklen/National Geographic / WWF-Canada
Le WWF applaudit l’adoption, dans le règlement révisé, de mesures plus strictes de conservation à l’égard de l’observation des baleines, et accueille favorablement la nouvelle obligation d’informer les autorités de tout contact accidentel avec un mammifère marin, ce qui permet de relever l’occurrence de menaces. Mais le Règlement demeure coi à l’égard de nombreuses autres menaces – perte d’habitat, pollution, collisions avec des bateaux, capture accidentelle ou empêtrement dans du matériel de pêche, et effets indirects des changements climatiques.
Au WWF, nous sommes particulièrement inquiets de ce que ce nouveau règlement ne s’intéresse absolument pas au contrôle des problèmes acoustiques découlant d’activités telles que le transport maritime, les sondages sismiques, l’exploration pétrolière et gazière, le forage sous-marin, la construction sous-marine et les opérations navales.
Une protection accrue pour les mammifères marins
Il est dorénavant interdit de déranger les mammifères marins. Selon le Règlement, « déranger » veut dire s’approcher d’un animal pour le nourrir, nager ou interagir avec lui, le faire bouger ou le provoquer, le forcer à se mouvoir, ou encore le marquer. Mais bien d’autres activités peuvent déranger les mammifères marins, et nous croyons que la définition de « déranger » doit être revue et élargie.
Lorsque la nouvelle réglementation entrera en vigueur, les bateaux dans les eaux des pêcheries canadiennes devront se maintenir à une distance de 100 mètres de toute baleine et tout dauphin et marsouin; un petit nombre d’exceptions est prévu. Étonnamment, les espèces les plus menacées et en péril ne figurent pas parmi les espèces à l’égard desquelles une distance accrue est imposée.
Ainsi, l’épaulard résident du sud, qui fait l’aller-retour entre le Canada et les États-Unis, est visé par des distances d’approche différentes. En effet, et c’est significatif, la réglementation étatsunienne interdit aux navires de s’approcher à moins de 182,9 mètres de ces animaux, alors que la réglementation canadienne fixe cette distance à 100 mètres. Autrement dit, l’épaulard qui traverse la frontière entre le Canada et les États-Unis sera mieux protégé lorsqu’il atteindra les eaux étatsuniennes. Cette anomalie doit être corrigée.
Zones interdites
Nous avons également demandé au MPO de créer des zones interdites dans certaines régions et à certaines périodes de l’année, de limiter le nombre de bateaux autorisés à circuler en même temps dans des habitats essentiels ou autres zones très fréquentées, et de restreindre le temps que les bateaux sont autorisés à passer dans ou proche de cet habitat. De telles restrictions sont nécessaires pour protéger les mammifères marins contre toutes sortes de perturbations et, potentiellement, pour leur sauver la vie.
Enfin, nous avons souligné la nécessité d’avoir des règlements pour assurer la protection des mammifères marins contre toutes les formes de perturbations acoustiques, et pas seulement les bateaux utilisés pour l’observation des baleines.
Le Canada doit se doter d’une approche globale en matière de protection des mammifères marins, soit en adoptant une loi plus exhaustive comme celle qui est en place aux États-Unis, soit en élaborant un plan d’action comme celui dont s’est doté la Nouvelle-Zélande, afin d’assurer le rétablissement des mammifères marins figurant sur la liste des espèces visées par la Loi sur les espèces en péril, et d’empêcher que de nouvelles espèces s’ajoutent à la liste déjà trop longue des espèces en péril.