L’argent ne pousse pas dans les arbres… à moins que?

Mon père est né à Sarawak, en Malaisie, et bien qu’il vive maintenant en Amérique du Nord, il continue d’appeler les orangs-outans de Bornéo ses cousins. Alors bien sûr, chaque fois qu’il est question du travail du Fonds mondial pour la nature à Bornéo, je dresse l’oreille.
La semaine dernière paraissait un rapport très intéressant sur ce coin du monde, The Heart of Borneo: Investing in Nature for a Green Economy Report (le lien est en anglais seulement), un projet mené en participation et auquel a collaboré le WWF. Selon James Leape, directeur général de WWF International, le capital naturel du Cœur de Bornéo a une valeur sociale et économique inestimable, et ses habitants et l’environnement dont ils dépendent en souffriront si l’on continue d’en faire fi. Le rapport établit que l’estimation à sa juste valeur du capital naturel peut ouvrir la voie à des économies locales vigoureuses, et permettre de s’attaquer avec efficacité aux problématiques prioritaires de la région en matière de croissance, de réchauffement climatique et de durabilité.

©naturpl.com/Tim Laman/WWF

Qu’est-ce que le capital naturel? Cela comprend tout ce qui constitue la nature et l’environnement qui nous entourent et nous font vivre – y compris les écosystèmes, les diverses espèces et leur habitat – autrement dit, ce que nous désignons globalement par la « biodiversité ». Ce concept est fondé sur le fait que tout ce que nous faisons dépend d’un environnement et d’une nature en santé – indispensables à la croissance économique et à notre bien-être.

– Qu’est-ce exactement que le Cœur de Bornéo? Il s’agit de la plus grande forêt tropicale transfrontalière dans le sud-est de l’Asie. Le Cœur de Bornéo couvre une superficie de 22 millions d’hectares et abrite 6 % de toutes les espèces dans le monde. Plus d’un million de personnes y habitent, et de la forêt dépendent leur subsistance, leur nourriture, leur revenu, leur eau et leur culture.
– Qu’est-ce que  le projet Cœur de Bornéo? Le WWF travaille en collaboration avec les gouvernements du Brunei Darussalam, de l’Indonésie (Kalimantan) et de la Malaisie (Sabah et Sarawak) pour assurer la conservation d’une superficie représentant environ le tiers de l’île au moyen d’un réseau d’aires protégées et de forêts aménagées et gérées de manière responsable.
– Que signifie l’expression « économie verte »? C’est une économie qui sert à améliorer le bien-être des humains et l’équité sociale, tout en réduisant les risques environnementaux et la saturation écologique. Une économie verte favorisera un développement économique à faible empreinte environnementale, et le recours aux énergies renouvelables et sobres en carbone (voir la  courte vidéo en anglais seulement de Sir David Attenborough).

Le rapport souligne les pratiques non responsables actuellement en cours dans trois secteurs essentiels à l’économie de Bornéo – l’exploitation forestière, la production d’huile de palme et l’exploitation minière. L’alternative mise en lumière en ce qui touche au capital naturel du Cœur de Bornéo est simple : on dilapide tout ou on « met en banque » un capital qui permettra à de nombreuses générations futures de vivre des « intérêts » de ce capital, sous forme de biens et services durables. Il me semble que l’option à long terme est indiscutablement la plus intéressante, et mon père serait sans aucun doute de mon avis et pour les projets de conservation et de protection du Cœur de Bornéo – où vivent ses cousins et des millions d’autres humains et animaux.