À l’eau avec un globicéphale

La semaine dernière, au retour d’un petit voyage en famille à Baddeck, au Cap Breton – le premier voyage en famille depuis plus de 10 ans – je me suis retrouvé, près de la levée de Canso, au milieu d’un attroupement où l’on sentait une certaine fébrilité. Quand j’ai vu ce qui créait cet enthousiasme, j’ai compris. Des globicéphales! Des globicéphales noirs, plus précisément, et parfaitement visibles du rivage.

Le globicéphale – le cétacé qu’on voit le plus souvent près du rivage en Nouvelle-Écosse – a un corps long, mais néanmoins massif, qui peut mesurer entre 3,6 mètres et 7,5 mètres. De couleur noire ou brun foncé, on le reconnaît facilement à son front très bombé et à son large aileron dorsal placé haut sur le dos.
Les chercheurs de l’université Dalhousie spécialisés en cétacés affirment que l’on a vu de nombreux globicéphales dans le détroit de Canso au cours de la dernière semaine. D’après leur comportement à la surface de l’eau, il semble que ces cétacés aient été attirés ici par la perspective de se gorger des maquereaux et des calmars qui constituent l’essentiel de leur régime alimentaire ici dans l’Atlantique Nord.
Une fois calmée l’excitation initiale, la seule question qui me venait en tête était de plonger ou ne pas plonger. Je suis un fervent de la plongée en apnée et j’adore tout ce qui touche à l’océan, alors je n’ai pas mis longtemps à me décider et à me préparer avant de me lancer à l’eau, avec ma caméra sous-marine GoPro à la main.

J’ai dû nager un peu plus loin que je n’avais prévu, avec l’impression que les globicéphales s’éloignaient à mesure que je m’avançais vers eux. Après 25 minutes de nage épuisante, j’ai cru que je n’y arriverais pas et, la mort dans l’âme, je me suis résigné à rebrousser chemin. C’est, évidemment, à ce moment précis que quelques globicéphales se sont détachés du groupe et se sont dirigés vers moi. Je me suis retourné et j’ai attendu de voir ce qui se passerait ensuite.

La mer était calme, et je n’ai pas tardé à entendre leur chant, d’abord très doucement et comme s’il venait de loin, pour ensuite s’amplifier rapidement. Mon cœur battait à tout rompre, non pas de peur, mais d’excitation.
J’ai vu apparaître un nuage de bulles dans l’eau d’un vert sombre avant même de discerner les contours des trois globicéphales qui venaient à moi, en formation serrée. Lorsqu’ils ont été à quelques mètres à peine, le plus proche des trois s’est tourné vers moi pour me regarder, et j’ai vu la grande tache blanche en forme d’ancre sur son ventre. Il m’a examiné de près en passant près de moi, suivi de ses deux copains, puis ils ont disparu soudainement dans les eaux sombres, et leur chant s’est atténué tout doucement.
Encore tout remué de cette rencontre, j’ai entrepris mon retour au rivage, en me retournant de temps en temps pour voir s’ils reviendraient, mais non, ils étaient bel et bien repartis.
Le monde sous-marin est aussi mystérieux qu’il est d’une grande beauté, un monde à respecter. Rappelons-nous, alors que l’on vient de célébrer en juin la Journée mondiale des océans, que la vie sur Terre est tributaire de la santé des océans. Autrement dit, nous devons veiller à sauvegarder des espèces marines comme le globicéphale, ainsi que des nombreuses espèces menacées de disparition en raison de l’activité humaine – les requins, entre autres. Nous pouvons tous faire notre part en passant le mot : nous devons sauvegarder les océans pour les générations futures.