Une étude révèle que le réchauffement climatique affecte déjà nos océans, menaçant les pêcheries, la biodiversité et les habitats côtiers de la C.-B.

Cette étude constitue la première synthèse régionale du genre qui documente les impacts observés et attendus du réchauffement de la planète sur les écosystèmes marins de la Colombie-Britannique, et cerne les zones les plus vulnérables aux changements climatiques.

Mont sous-marin Bowie, © Neil McDaniel / WWF-Canada
L’étude révèle une menace à la diversité en eaux profondes sur la côte du Pacifique, et souligne que la C.-B. perd chaque année entre deux et trois mètres d’habitats en eaux profondes en raison du manque d’oxygène. « La perte d’oxygène force le déplacement de poissons et il est vraisemblable que certaines espèces sédentaires suffoquent carrément», déclare Frank Whitney, scientifique émérite de l’Institut des sciences de la mer du ministère des Pêches et Océans, dont les recherches ont été mises à contribution dans le cadre de ce rapport. « Cette situation est certainement préoccupante pour la pêche des poissons de fond », a-t-il ajouté.
Le rapport fait également état de la menace que représente l’acidification des océans, apparentée à l’« ostéoporose des mers » par Jane Lubchenco, chef de l’administration océanique et atmosphérique nationale des États-Unis. L’on prévoit ainsi que les intrusions croissantes d’eaux acides provenant des bas-fonds océaniques auront un effet marqué sur la biodiversité en eaux profondes – coraux des grands fonds –  ainsi que sur les espèces plus proches des côtes tels les mollusques et crustacés.
Selon Tom Okey, professeur agrégé adjoint à la faculté des sciences de l’environnement de l’université de Victoria, l’acidification des océans se fait déjà sentir sur les activités commerciales entourant les fruits de mer, car il faut modifier le PH de l’eau de mer utilisée pour la culture des mollusques et crustacés en bassin.  Les populations de mollusques et crustacés sont vraisemblablement touchées par cette acidification et, dans certaines régions côtières, elles ne se reproduisent pas au taux habituel.
Contrairement au Canada, d’autres pays océaniques comme l’Australie ont déjà commencé à mettre en place de vigoureuses mesures de surveillance et d’atténuation de la vulnérabilité au réchauffement climatique dans le cadre de leurs plans de gestion marine et des pêches, selon Sabine Jessen, directrice nationale du programme des océans et des grands lacs d’eau douce de la SNAP.
« Compte tenu des changements qui se manifestent de manière de plus en plus évidente, il est indispensable que nous adoptions une approche proactive ici en Colombie-Britannique, et que nous commencions à chercher des moyens efficaces de réduire la vulnérabilité des espèces et habitats face aux impacts des changements climatiques », a pour sa part affirmé Hussein Alidina, expert de WWF-Canada en sciences et planification marines, et coauteur du rapport.
Selon Hussein Alidina, une de ces mesures devrait consister à identifier et protéger des « refuges », soit des zones que l’on mettrait à l’abri ou qui seraient moins touchées par les changements des conditions océaniques et où les poissons et autres espèces pourraient trouver refuge contre les impacts des changements climatiques, ce qui leur donnerait du temps pour s’adapter. Ces zones refuges devraient faire partie intégrante du réseau de zones marines protégées en Colombie-Britannique.
Principales conclusions de l’étude

  • Nous verrons dans les eaux de la C.-B. davantage d’espèces du Sud comme les sardines et des espèces anomales telles que le calmar de Humboldt. Les territoires des diverses espèces de saumon du Pacifique, de la crevette rose, de la morue et de la merluche du Pacifique figurent parmi ceux dont on observe une remontée vers le nord.
  • Des habitats importants pour la fraie du poisson fourrage comme l’éperlan, le lançon et l’eulakane, le long de berges de sédiment meuble ou autres habitats près des rives, seront perdus en raison de l’érosion si ces habitats ne peuvent migrer naturellement suivant la hausse du niveau de la mer à cause du développement des côtes ou de barrières naturelles. Ces espèces sont des sources de nourriture essentielles pour les oiseaux marins, les baleines et une foule d’animaux marins.
    • Les changements survenant dans la température de l’eau, la fonte des glaciers, les pluies et les ruissellements auront tous pour effet de perturber les cycles de vie et de migration des espèces, y compris le cycle printanier du plancton, ce qui perturbera également l’équilibre entre prédateurs et proies.
    • Les régions densément utilisées par l’homme et relativement plus touchées seront plus vulnérables aux effets des changements climatiques. Cette constatation vise particulièrement le détroit de Georgia et la Mer des Salish.

La version intégrale du rapport ainsi que le sommaire sont disponibles à l’adresse suivante : https://assets.wwf.ca/downloads/cpaws_wwf_climate_report_1p.pdf