Trois petites étapes et puis s’en vont…

Pour ma part, je débarque ici après près de 3 mois à bord et Garry Donaldson embarque pour quelques semaines pour ces travaux sur les oiseaux. Déjà 3 mois à bord… Tant de personnes rencontrées, tant de gens qui ont rendu cette navigation et ce projet possibles. L’équipe WWF bien sûr (Mette, Sasha, Clive, Martin et Vicki), les journalistes et photographe (Thorsten, Maurice, Nick et Ed) et les scientifiques (Tim, Paul et Sophie), tous venus à bord durant ces 6 semaines. Mais également les personnes rencontrées au fur et à mesure des escales : les locaux intrigués par le bateau, les autres voiliers navigants dans la région, les directeurs des hôtels de la Coop de chaque communauté, les enfants voulant faire un tour à bord, les « sudistes » travaillant sur place pour quelques mois, etc.

Le dernier repas en groupe

Je me suis occupée de la logistique des escales, à chaque étape : aller à terre, trouver la station d’essence, ou le camion qui vient sur la plage, remplir les bidons d’eau (sans vider complètement le réservoir de quelqu’un), aller faire des courses, trouver une laveuse-sécheuse de temps en temps pour notre linge et attendre que cela soit fini pour le plaisir de revenir à bord avec du linge qui sent bon (contrairement aux chaussettes de certains…). Il y avait toujours une bonne âme dans les villages pour répondre à mes questions, m’aider à hisser le zodiaque sur la plage ou inversement quand j’étais seule, nous donner un lift, même nous remplir nos bidons d’eau parfois! Merci! Particulièrement à Gina, Mads, Jo-Louis, Kevin, Paul, Colin, Brandon et tant d’autres. Les bidons d’eau paraissent plus lourds qu’au début de la saison « l’eau est plus lourde dans le sud » pense Grant! La logistique de ces escales a eu son bon côté, celui de partager quelques moments avec les habitants des communautés, de me rendre compte de leur disponibilité et de leur grand intérêt pour ceux qui arrivent par la mer. Une fois mes questions répondues, c’était à  leur tour : « D’où venez-vous? Où allez-vous? Pour faire quoi? » Souvent suivi de « Oh » et de « Woahhh ».

Ce voyage a rappelé l’humilité nécessaire pour appréhender ces régions, autant sur le plan de la météo que de l’approche envers les communautés, leur histoire et leurs traditions. Nous apportons souvent nos façons de voir le monde, de faire les choses, de vivre dans nos villes/villages sans nous en rendre compte. Gentiment et à chaque fois sur notre parcours, quelqu’un était là pour nous le rappeler. Cela a certainement permis à chacun de prendre du recul par rapport à nos modes de vie de « sudistes ». Ici, quand le réservoir d’eau de la maison est vide, plus de douche, plus de laveuse, en attendant le ravitaillement. Comme sur un bateau finalement! Pareil pour la nourriture, quand la coop n’a plus de produits frais, on cuisine sans et on attend le bateau ou le prochain avion, quand il pourra…

Depuis Pond Inlet, nous avons retrouvé la vie à trois à bord. Le bateau est bien silencieux tout d’un coup. La cabine avant parait vaste et pour moi, cela commence à sentir le départ. La vie suit toujours son cours bien sûr : Grant révèle qu’il trouve souvent les gâteaux trop cuits (après que j’en ai fait près d’une bonne trentaine…), Pascale se spécialise dans la confection d’étui de cellulaire en peau de phoque et je range ma collection de griffes de phoques. (« trop longtemps isolés » nous ont dit certains, « vous trouvez tout ça bien normal! »).

La mer offre une voie d’accès à ces communautés et qui permet sûrement une approche différente que celle de l’arrivée par les airs. Nous en avons bien profité pendant près de 3 mois. Bon vent pour les dernières semaines à Grant, Pascale, Garry et Geoff, belle navigation et autant de plaisir que j’en ai eu.