Recharger son véhicule électrique au Québec : où, quand et à quel coût?

Écrit par Alexandre Duval
Le réseau de bornes de la Ville de Joliette
Joliette, petite ville de 20 000 âmes située dans la région de Lanaudière, a aujourd’hui de quoi être fière : au tout début de l’année 2012, son service de distribution d’électricité municipal a entamé le déploiement d’un réseau public de bornes de recharge électrique au sein de son centre-ville, une première au Québec et au Canada.
Dans la foulée de cet ambitieux projet, les autorités municipales de Joliette ont également scellé une entente avec le concessionnaire Joliette Mitsubishi, qui a gracieusement accepté de prêter une voiture I-MIEV aux agents de stationnement de la ville. Ces derniers rechargent désormais leur précieux outil de travail à même le réseau de bornes électriques de Joliette, dont l’implantation se poursuivra à mesure que la demande le justifiera.

Le Circuit électrique d’Hydro-Québec
Moins de deux mois après que Joliette eût donné le ton, c’était au tour d’Hydro-Québec d’amorcer le plus ambitieux projet de déploiement de bornes de recharge électrique sur le réseau routier québécois. À terme, d’ici la fin de la présente année, ce sont 150 bornes de 240 volts valant 5 000 $ chacune et offrant des recharges au coût modique de 2,50 $ qui seront accessibles au public.
À l’heure à actuelle, plus des deux tiers de ces bornes sont déjà en fonction, principalement à Québec et à Montréal. C’est grâce à une première ronde de solides partenariats que l’installation des postes de ravitaillement a pu être aussi rapide et efficace : Rona, Métro, les Rôtisseries Saint-Hubert et l’Agence métropolitaine de transports ont tous les quatre accepté de sauter à pieds joints dans l’aventure en défrayant une importante partie des coûts liés au projet.
Or, séduits par l’avant-gardisme du Circuit électrique, de nouveaux partenaires se sont rapidement ralliés au projet, si bien que des bornes sont maintenant disponibles – ou le seront très bientôt – aux quatre coins de la province. La chaîne d’hôtels Fairmont, par exemple, a notamment fait le choix d’équiper de bornes électriques certains de ses hôtels éloignés des grands centres urbains, tels que le Château Montebello, le Manoir Richelieu et le Fairmont Tremblant. Ce ne sont donc plus uniquement des hôtels de Montréal et de Québec qui peuvent répondre à cette demande, mais aussi des établissements d’ailleurs en province.
Le Bas-Saint-Laurent n’est pas en reste non plus, puisque l’Auberge internationale du Témiscouata a aussi rejoint le Circuit électrique, offrant aux passants l’opportunité de refaire le plein d’électricité grâce à une borne dont l’installation était prévue pour la fin du mois de septembre. Quant au Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’ajout de stations supplémentaires semble imminent, si l’on se fie aux informations récemment véhiculées par Radio-Canada.
L’entreprise de location d’autos et camions Discount a également annoncé, en juillet dernier, son intention ferme de prendre part au déploiement du Circuit électrique suite à l’achat de deux Chevrolet Volt, pour le plus grand bonheur de ses clients. En plus de doter certaines de ses succursales de Québec et de Montréal, l’entreprise prévoit installer des bornes à Boucherville et à Blainville, couvrant ainsi certains points névralgiques de la couronne de la métropole québécoise.
L’Estrie figure elle aussi sur la liste des régions désireuses de rendre le transport automobile plus écologique au Québec, la Ville de Sherbrooke ayant rejoint le Circuit électrique, tout comme l’Université de Sherbrooke, le Cégep de Sherbrooke, le Centre de santé et de services sociaux-Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke, la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke, le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke et l’Université Bishop’s.
L’administration de la Ville de Montréal, qui a pour intention de diminuer de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990 d’ici 2020, compte suivre les traces de Sherbrooke en adhérant elle aussi prochainement au réseau de bornes électriques d’Hydro-Québec. Notons que l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau a déjà fait le saut, offrant actuellement des recharges gratuites, et ce, jusqu’au 31 décembre de cette année.
En somme, le Circuit électrique se développe bien. Si bien même qu’Hydro-Québec a récemment annoncé qu’il entamerait une deuxième ronde de partenariats afin d’étendre le réseau de manière plus importante à l’extérieur des villes de Québec et Montréal. Si la plupart des observateurs se réjouissent de cet enthousiasme, d’autres émettent néanmoins certaines réserves, évoquant le fait que jusqu’à ce jour, seulement 35 recharges ont été enregistrées en moyenne chaque semaine sur les bornes électriques du réseau public.
Des recharges au travail et à la maison
Cette faible performance devrait toutefois être relativisée en raison, d’une part, du petit nombre de véhicules électriques et hybrides qui arpentent présentement les routes du Québec et, d’autre part, du fait que la plupart des recharges s’effectuent au travail, le jour, ou encore à la maison, le soir.
D’ailleurs, même s’il est possible de recharger un véhicule électrique à domicile (pour 9 fois moins cher qu’un véhicule conventionnel à la pompe) à l’aide d’une prise standard de 120 volts, le gouvernement du Québec offre présentement une aide financière sous la forme d’un remboursement pouvant aller jusqu’à 1 000 $ pour les propriétaires d’une voiture électrique faisant le choix de se procurer une borne de 240 volts.
Le Circuit électrique a clairement pris son envol et ne semble pas être sur le point de ralentir la cadence. Les bornes de recharge prennent rapidement leur place dans le paysage de plusieurs régions du Québec et le gouvernement semble bien déterminé à provoquer un virage vert en matière de transport automobile. Reste à espérer que les automobilistes québécois emboîteront le pas!
À propos de l’auteur :
Alexandre Duval est rédacteur-blogueur pigiste, étudiant à la maîtrise en science politique et assistant de recherche à l’Université du Québec à Montréal. Détenant son baccalauréat de l’Université Laval, à Québec, il a également étudié aux États-Unis, en France, ainsi qu’à Toronto.