Le WWF-Canada affirme son opposition au projet Northern Gateway aux audiences publiques à Vancouver

Ma déclaration se fonde sur le mémoire très documenté que nous avons remis à la Commission et qui comprend deux rapports d’experts que nous avions commandés.
Le premier est celui du Fisheries Centre de l’université UBC sur l’activité économique dans le secteur océanique et l’incidence de déversements pétroliers sur l’économie. Le deuxième a été préparé par un expert en bioacoustique de l’université australienne de Curtin, et porte sur les lacunes qu’accuse l’évaluation présentée par le promoteur du projet en ce qui touche aux impacts d’un trafic accru de pétroliers sur les niveaux de bruits dans l’océan.
Voici un résumé de mon intervention devant la Commission.
Le travail que mène le WWF-Canada dans la zone marine du Grand Ours est concentré sur les zones marines protégées, une saine gestion des zones d’activité, et l’aménagement des espaces marins. Au cours des dix dernières années nous avons produit des rapports scientifiques sur le réchauffement climatique et l’océan Pacifique, sur les effets cumulatifs, et sur l’impact du bruit sous-marin anthropique sur les espèces marines. Depuis onze ans, notre bureau de Prince Rupert coordonne notre action sur la Côte Nord de la Colombie-Britannique.
Il y a cinq ans, le WWF accordait sa plus prestigieuse mention internationale – le prix Don à la Terre – aux architectes de l’entente sur la forêt pluviale du Grand Ours. Or le projet soumis aujourd’hui à la Commission menace ce Don à la Terre.
La décision de recommander l’autorisation de ce projet reposerait sur la conviction de la Commission que ce projet est dans l’intérêt de la population. En l’occurrence, les intérêts économiques, environnementaux et sociaux s’opposent à l’autorisation de ce projet.
Les coûts environnementaux sont trop élevés. Les études scientifiques concluent qu’une intensification marquée du trafic maritime et du transport d’hydrocarbures lourds à travers la région du Grand Ours pose des risques très élevés sur le plan environnemental.
L’augmentation du trafic de pétroliers le long de la côte Nord de la Colombie-Britannique menacerait la santé de la zone marine, et la construction et l’exploitation d’un oléoduc constituerait une menace pour les rivières à saumon sauvage de la région.
Les avantages économiques qui appuieraient l’autorisation du projet n’ont pas été démontrés. Le projet de développement soumis représenterait une menace au bien-être des habitants en mettant à risque d’importantes sources d’aliments, des emplois et l’économie, l’héritage culturel et les valeurs spirituelles de la population. Les coûts d’un déversement de pétrole se feraient sentir sur une longue période, et auraient un impact négatif sur le bien-être de l’ensemble de la société.
Les impacts sociaux sont trop sérieux. Les communautés locales – celles qui subiraient les premières les impacts négatifs sur les plans de l’environnement et de l’économie – se sont exprimées majoritairement contre le projet. Les Premières Nations, dont les territoires ancestraux sont dans la mire du projet, ont également exprimé leur opposition. Le WWF-Canada estime que les modifications récentes à la législation ont miné la confiance de la population dans le présent processus d’approbation réglementaire, étant donné que le projet repose sur un régime réglementaire qui n’existe plus. Assurément, le fait que de changer les règles du jeu en milieu de parcours ne peut que ternir l’image du projet et du processus d’autorisation auprès de la population.
La région du Grand Ours abrite des écosystèmes marins, terrestres et aquatiques d’une valeur écologique inestimable, et sa forêt pluviale est l’un des derniers écosystèmes côtiers tempérés du genre encore intacts sur la Terre. Le Canada se doit à lui-même et doit au reste du monde d’assurer la viabilité de ce lieu unique.
C’est pour toutes ces raison que le WWF-Canada demande à la Commission de recommander le rejet de ce projet, qui n’est pas dans l’intérêt de la population de la région, ni de notre pays.

(c) Jo Anne Walton/WWF-Canada