Ne ratons pas l’occasion de sabrer dans les émissions de carbone issues de l’aviation mondiale

Des groupes environnementaux demandent à  l’OACI de convenir d’un plan mondial de réduction des émissions pendant la réunion de Montréal.
A plane flying over Ambleside, UK
© WWF-Canon
Les gouvernements chargés de mettre sur pied un plan mondial de réduction des émissions de carbones issues de l’aviation doivent saisir à bras le corps l’occasion de sabrer dans les émissions polluantes que leur offre la rencontre de Montréal au cours des semaines prochaine,  affirme un groupe d’organismes environnementaux qui se sont rassemblés ce matin à Montréal.
Les quatre organismes et leurs sympathisants en appellent aux délégués auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) basée à Montréal d’en arriver à une entente et de mettre sur pied une mesure mondiale exigeant des compagnies aériennes qu’elles sabrent dans leurs émissions de gaz à effet de serre. À l’heure actuelle, les émissions de GES issues de l’aviation contribuent à hauteur de près de 5 pour cent à l’effet de serre agissant sur notre planète, et l’aviation constitue la source de pollution atmosphérique affichant la plus forte croissance dans le monde.
« Les émissions de dioxyde de carbone issues de l’aviation sont déjà à des niveaux fulgurants et elles ne cessent de grimper. Il est impératif que les délégués auprès de l’OACI mettent à profit les 30 jours qu’ils ont devant eux pour trouver une solution qui a du nerf », déclare Marie-Claude Lemieux, directrice pour le Québec du WWF-Canada. « Le Canada et les États-Unis doivent assumer un rôle de leadership auprès de l’OACI pendant cette rencontre, et proposer une réelle solution mondiale pour juguler les effets dévastateurs de cette source galopante de la crise du réchauffement climatique de notre planète. »
« Il y a 15 ans que l’OACI travaille à un plan de réduction des émissions mondiales, sans réussir à rallier les états membres autour d’une solution à un enjeu qui, lui, devient de plus en plus pressant »,  renchérit Steven Guilbeault d’Équiterre. « Cette fois, les délégués de l’OACI ont l’occasion de produire un plan ambitieux qui signalera clairement au secteur de l’aviation qu’il doit accélérer les mesures de réduction de ses émissions polluantes. »
« Le Canada doit profiter de la réunion qui vient pour promouvoir – voire proposer – l’adoption d’un audacieux mécanisme de marché à l’échelle mondiale et un calendrier aussi rigoureux que preste de mise en vigueur »,  affirme pour sa part Karel Mayrand, directeur général de la Fondation David Suzuki. « Le Canada doit se tenir debout et prendre les devants, et cesser enfin de se contenter de suivre les traces des États-Unis en matière de réchauffement climatique comme il le fait depuis un certain nombre d’années. »
Les représentants des États-Unis auprès de l’OACI proposent des politiques sans mordant qui ne couvriraient que les parties des vols en territoires nationaux et remettraient encore une fois à plus tard l’application de mesures de réduction de la pollution »,  poursuit Keya Chatterjee, experte du WWF en matière de climat et de durabilité. « Non seulement cette position met-elle en évidence le peu d’intérêt qu’ont les États-Unis à s’engager à trouver une solution mondiale, mais elle fournit à d’autres pays peu pressés d’agir l’excuse pour reporter l’application de mesures de réduction des émissions polluantes. »
affiche
La réduction de la pollution issue de l’aviation est indispensable pour arriver à juguler la progression du réchauffement de la planète. De fait, si l’aviation était un État, il se situerait au 7e rang des nations contribuant le plus aux bouleversements climatiques. Les experts de l’OACI estiment que si rien n’est fait pour juguler les émissions, celles-ci augmenteront de 70 pour cent au cours des 7 prochaines années, et afficheront une progression vertigineuse de 300 à 700 pour cent d’ici 2050. Ce qui changerait littéralement la face de la planète telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Il est impérieux que l’assemblée de mai-juin du conseil de l’OACI mène à l’élaboration d’un plan définitif pour que l’organisme puisse adopter un plan concret avant la fin de l’année, et avant que n’entre en vigueur l’approche régionale visée par l’Union européenne.
Au cours du rassemblement de mardi, les activistes du WWF-Canada, d’Équiterre, de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) et de la Fondation David Suzuki ont pressé les délégués de soutenir l’accord le plus vigoureux possible, l’accord qui créera un mécanisme de marché mondial qui fixera un prix au carbone et financera des projets à travers le monde pour aider les pays en voie de développement à se joindre à la communauté internationale et à relever ensemble les défis que pose le réchauffement climatique.
« On voit bien que les bouleversements climatiques font grimper le mercure et l’intensité des phénomènes climatiques – inondations, sécheresses, blizzards et ouragans sont de plus en plus violents. Il est indispensable de réduire les émissions polluantes issues de l’aviation », conclut Louise Lévesque de l’AQLPA. « Nous ne pouvons laisser la politique de la procrastination l’emporter encore une fois et accepter que rien ne soit fait pour assainir nos cieux. »