Ressources en eau, où quantité n’est pas gage de qualité

Un rapport publié le 16 juillet 2013 par l’Institut Fraser a fait des vagues au sein des organismes canadiens s’intéressant aux questions de l’eau. Le message principal du rapport intitulé Canadian Environmental Indicators: Water? Les ressources en eau au Canada sont abondantes et la qualité s’améliore. Le rapport se penche sur des données éprouvées sur les vastes ressources en eau du Canada et sur l’utilisation personnelle d’eau des Canadiens pour conclure que oui, nous utilisons beaucoup d’eau, mais nous ne risquons pas d’en manquer. Il est bien évident que nous n’en manquerons pas! Nous savons bien que l’eau est une ressource qui se renouvelle, et il y a autant d’eau sur la planète aujourd’hui qu’au jour des premiers humains.

L'eau, notre priorité© Jeremy Harrison/ WWF-Canada

Il faut cependant savoir qu’une grande partie de cette vaste ressource est nécessaire au maintien de la santé des cours d’eau et des lacs si étroitement liés à notre histoire et à nos collectivités. Et c’est là que le bât blesse dans cette étude. Comme tant d’autres avant elle, on y évalue la viabilité de nos ressources à travers la lorgnette simplissime de la quantité. Or, ce faisant, on passe à côté du fait que cette même « ressource » est essentielle à la biodiversité et à l’intégrité des écosystèmes, autrement dit à la santé de nos fleuves et rivières, de nos immenses lacs à nos plus petits ruisseaux. L’eau est notre lien indéfectible avec la nature. L’eau que nous buvons, sans laquelle rien ne pousserait, celle que nous harnachons pour produire de l’électricité, et celle des poissons, dans laquelle nous nageons et sur laquelle nous naviguons.
Ce rapport peint un portrait à très larges traits de la situation de l’eau au Canada. Or le danger de ces analyses générales effectuées dans la perspective étroite de l’eau en tant que ressource économique, c’est qu’elles mènent à des conclusions hyper simplistes, voire dangereuses. Dans le cas de ce rapport, la conclusion veut que tout baigne, nous avons de l’eau en quantité! Mais ces analyses sérieuses et les conclusions qu’on en tire masquent les défis réels et les vraies possibilités des bassins versants et autres plans d’eau à l’échelle locale, c’est-à-dire à l’échelle humaine du contact quotidien avec l’eau. Il est vrai qu’à certains endroits l’eau est propre et l’écosystème en santé, mais on sait que ce n’est pas le cas partout. Et dans un cas comme dans l’autre, il faut agir, soit pour conserver ce qui est sain, soit pour restaurer ce qui ne l’est plus.
Mais encore faut-il, pour bien saisir ce qu’il y a à faire avec chaque plan d’eau, ne pas se contenter de regarder les choses en surface. Au Fonds mondial pour la nature, nous allons voir en profondeur. Ainsi au cours de la dernière année, nous avons mis au point un cadre d’évaluation de l’eau douce basé sur les écosystèmes, que nous comptons utiliser pour dessiner un portrait plus précis – ou à plus petit trait – de l’état de santé de nos cours d’eau. Cette méthode nous permettra par la suite d’évaluer de manière précise l’état de nos ressources en eau, en amont et en aval, à l’échelle nationale, mais à partir de données recueillies à l’échelle locale.
Alors, maintenez le cap sur notre site, car nous vous communiquerons les résultats de nos travaux sur l’eau douce au mois de septembre!