L’équipe de l’expédition Laptev Linkages répond à vos questions!

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Les membres de l’équipe de l’expédition Laptev Linkages. © Alexey Ebel

Une équipe de recherche dirigée par le WWF-Canada, accompagnée d’un photographe de Canon et d’un équipage, se rend sur la côte arctique sibérienne, où elle tentera de percer un mystère scientifique. L’expédition Laptev Linkages est commanditée par Canon.
Et aujourd’hui, l’équipe répond à vos questions!
Question de Gillian : Quel est l’objet de cette expédition?
Réponse de Tom, notre expert en morses :
https://youtu.be/zXQEQV9APzM
Question de Joshua : Vos recherches à ce jour vous ont-elles permis de faire une découverte importante?

Ours polaire et morsesUn ours polaire s’approchant d’une échouerie de morses. © Alexey Ebel / WWF-Canon

Il faudra encore un certain temps avant d’avoir la clef du casse-tête génétique, car il nous faut encore envoyer nos échantillons en laboratoire pour analyse. Mais nous avons l’occasion de faire des observations intéressantes. Par exemple, nous avons vu quelque 400 morses réunis sur un monticule de sable – c’est bien la colonie de morses la plus populeuse observée ici depuis des décennies, voire plus.
Question de Barbara : Fait-il très froid là-bas en ce moment?
En Arctique, le mercure monte au-dessus de zéro en été, mais le mois d’août est déjà assez froid. Une des membres de notre équipe, Tatiana, vient de Murmansk, en Russie – la plus grande ville en Arctique – et bien qu’elle soit habituée au froid, elle trouve que le temps est plutôt frais! « Je viens du nord, et je trouvais ridicule d’apporter des vêtements d’hiver pour une expédition au mois d’août. Qui est ridicule, maintenant? Moi! Mes gants et mon chapeau de motoneige ne sont pas assez chauds, car le mercure n’atteint même pas 1o C. Mais en dépit de ce petit inconvénient, l’expérience est super! »
Question de Hazel : On lit souvent que la survie des ours polaires et des morses est menacée parce que la banquise recule d’année en année. La situation est-elle vraiment si grave?
Réponse de Tom : Le recul de la banquise est bien réel et sa détérioration constitue un danger tout aussi tangible pour toutes les espèces dont la survie est liée aux glaces. Les ours polaires et les morses ont besoin des glaces qui leur servent de plateforme où se nourrir et se reposer. On prévoit que leur nombre diminuera, et que leur territoire va se rétrécir considérablement. La disparition des glaces aura également pour effet d’ouvrir la porte à une activité humaine accrue en Arctique – transport maritime, exploration pétrolière et gazière –, ce qui accentuera la menace à l’endroit de ces espèces.
Question de @skootzkadoodles : Est-ce que les morses sont menacés par le réchauffement climatique comme les autres populations de phoques?
Oui. On voit souvent les morses se reposer sur un banc de glace, mais si celle-ci disparaît, ils devront se réunir en plus grand nombre sur la terre ferme. Ils épuiseront rapidement les réserves de nourriture de cet endroit et devront parcourir de plus grandes distances pour se nourrir, ce qui constitue un stress supplémentaire. De plus, une grande colonie de morses prise de panique à l’arrivée d’un prédateur, cela signifie un risque accru de piétinements et de morts parmi le groupe.
Question de Donald : Les ours polaires ne peuvent-ils pas chasser de la terre ferme? Je ne me réjouis pas de la disparition de la banquise, mais est-ce qu’ils ne peuvent pas s’adapter?
2 kilos
Voilà la quantité de graisse qu’un ours polaire mange quotidiennement
Selon Tom, tout est question de calories. « Les ours polaires sont des carnivores très spécialisés, et ils ont besoin d’une quantité déterminée de calories tirées de la graisse animale pour survivre dans l’environnement arctique. Or la graisse provient principalement des phoques, et qui dit phoque dit glace.
Il arrive qu’un ours se repaisse d’une carcasse, ou qu’il mange de la végétation, des œufs et du poisson, mais il n’y a pas sur la terre ferme la quantité de calories nécessaire pour soutenir des populations d’ours polaires comme on en voit aujourd’hui.
N’oublions pas que le rythme actuel de réchauffement du climat est sans précédent dans l’histoire des mammifères qui peuplent la planète de nos jours. Il est certain que certaines espèces pourront s’adapter et inventer de nouvelles stratégies de survie, comme de passer plus de temps à jeûner sur la terre ferme, mais il est improbable qu’une réelle adaptation à grande échelle puisse se faire de l’écologie de l’alimentation ou de la physiologie des espèces.
Question de Jasmine : les morses et les ours polaires de la mer des Laptev sont-ils à l’abri d’un déversement de pétrole?
Réponse de Tom : Il se fait encore peu d’exploration pétrolière dans la mer des Laptev. Le plus grand risque de déversement viendrait d’un bateau – et à mesure que les glaces reculent, on voit une nette augmentation du trafic maritime dans le nord de la Russie, le long de ce qu’on appelle la route de la mer du Nord.

Question de Cameron et Karen : Les morses ont-ils peur lorsqu’on les approche?
Réponse de Geoff : Les morses sont facilement effarouchés et ils se précipitent alors dans l’eau, ce qui est bien la dernière chose qu’on veut provoquer! Nous avons été chanceux la fin de semaine dernière lorsque nous avons voulu recueillir des échantillons génétiques – les vents étaient favorables et chassaient notre odeur vers la mer plutôt que vers le groupe, ce qui nous a permis de les approcher à moins de 30 mètres.
Vous voulez voir une colonie de morses en débandade? Allez jeter un coup d’œil à cette vidéo (début à 0:32):
Question de @buddhasloth : Comment devient-on chercheur ou assistant dans une de vos expéditions?
Nos expéditions en Arctique regroupent des chercheurs qui sont des étudiants poursuivant des études spécialisées en biologie arctique de terrain ou des chercheurs travaillant depuis de nombreuses années en Arctique. Mais il n’est pas nécessaire de faire des études spécialisées sur l’Arctique pour participer à une expédition organisée par le WWF-Canada dans cette fabuleuse région du monde.