PLEINS FEUX sur l’Athabasca – 1 000 000 d’oiseaux et 31 espèces de poissons à protéger

Ce texte fait partie d’une série spéciale de blogues du WWF-Canada sur la rivière Athabasca, son écosystème unique, la gestion de ses eaux et surtout, ce qui peut être fait pour en assurer la vitalité future.
La rivière Athabasca, qui s’étend sur 1 538 kilomètres depuis les Rocheuses jusqu’au delta des rivières de la Paix et Athabasca, est la plus longue rivière de l’Alberta, et l’une des plus longues en Amérique du Nord, qui coule encore librement. Ce qui la distingue plus particulièrement, cependant, c’est que l’Athabasca est le siège d’une exploitation intensive de ressources et le centre d’écosystèmes précieux, et ces deux dimensions sont extrêmement importantes pour la planète.
De fait, si l’on parle de plus en plus des avantages économiques et sociaux de l’exploitation des sables bitumineux pour en faire la promotion, il est moins souvent question de la vitalité des écosystèmes de la rivière Athabasca. Bien sûr, il y a longtemps que l’on connaît et apprécie la valeur – naturelle, historique, récréative – du tronçon supérieur de la rivière, dans le parc national Jasper, même que cette partie de la rivière a été classée rivière du patrimoine canadien. Néanmoins, en raison de sa situation éloignée, peut-être, on connaît moins bien le dernier tronçon de 300 km, le cours inférieur de la rivière, et l’incroyable diversité et abondance de poissons et autres espèces qu’il abrite.

© Wilf Schurig / WWF-Canada
Le grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis) vient s’accoupler dans la région du
delta des rivières de la Paix et Athabasca, sa frontière septentrionale.

Le cours inférieur de l’Athabasca coule à partir de la région de Fort McMurray vers la zone ouest du lac Athabasca, où il converge avec les rivières de la Paix et Birch pour constituer le delta des rivières de la Paix et Athabasca. Ce tronçon de la rivière abrite 31 des 59 espèces de poissons recensés en Alberta, notamment le doré jaune, le grand corégone, le grand brochet et la lotte de rivière. La rivière Athabasca est moins large que la rivière de la Paix, mais elle fournit néanmoins le plus fort volume de débit entrant direct dans le delta – un milieu humide complexe de 6 000 km2. Ce delta est l’un des plus grands deltas d’eau douce dans le monde et l’une des plus importantes zones de nidification et de rassemblement de sauvagines en Amérique du Nord. Ce ne sont pas moins d’un million d’oiseaux qui traversent cette région. De fait, les quatre grandes voies migratoires en Amérique du Nord (Pacifique, Centre, Mississippi et Atlantique) traversent le delta, qui accueille des espèces telles que le cygne siffleur et la grue blanche d’Amérique, une espèce menacée. Véritable mosaïque d’habitats, le delta attire une fabuleuse diversité d’oiseaux, y compris de nombreux canards – le canard pilet et le garrot à œil d’or – et des espèces de marais telles que le grèbe à cou noir, et aviaires – faucon pèlerin et grue du Canada. Outre la sauvagine, le delta est l’habitat de 42 espèces de mammifères – rat musqué, orignal, lynx et loups – et compte les plus grands troupeaux de bisons sauvages. Pas étonnant que le delta des rivières de la Paix et Athabasca ait été inscrit à la liste des zones humides d’importance internationale de Ramsar, et qu’environ 80 pour cent du delta soit protégé dans les limites du parc national Wood Buffalo, un site du patrimoine mondial de l’UNESCO.

© Eric Engbretson Underwater Photography / WWF-Canada
Le doré jaune  (Sander vitreus) est l’une des 31 espèces de poissons fréquentant
les eaux du cours inférieur de la rivière Athabasca

Autrement dit, le cours inférieur de la rivière Athabasca et le delta des rivières de la Paix et Athabasca constituent deux des plus grands bassins d’eaux vives dans le monde. Outre les poissons et autres espèces qui l’habitent, de nombreuses populations humaines doivent leur gagne-pain à ces plans d’eau – pêche récréative et commerciale, pêcheries autochtones.
Cela étant, la question suivante se pose, et de manière de plus en plus pressante : comment assurer la vitalité future de ces écosystèmes? Si les perspectives à cet égard divergent, il y a néanmoins un certain consensus quant au fait que les rivières et les deltas ont besoin d’une certaine quantité – et qualité – d’eau suivant un rythme donné. Or, la protection de ces besoins en eau, ce qu’on appelle les flux environnementaux, figure maintenant au rang d’impératif en ce qui touche à la gestion de l’eau à l’échelle mondiale. Et il y a longtemps que l’on attend les consultations publiques et la version définitive d’un nouveau plan de gestion de l’eau pour le cours inférieur de la rivière Athabasca.
Ce plan établira la quantité d’eau qui pourra être prélevée – et à quel moment – par l’industrie des sables bitumineux, en partie pour protéger les flux environnementaux. Le WWF-Canada contribue depuis plusieurs années à l’élaboration de ce plan, car le cours inférieur de l’Athabasca et le delta des rivières de la Paix et Athabasca sont des régions qu’il faut absolument protéger. De plus, nous croyons que ce plan pourra servir de modèle pour la protection des flux environnementaux d’autres rivières et fleuves. Nous veillerons à fournir d’autres commentaires au besoin, afin d’assurer que ce plan protégera efficacement la santé et la vitalité des écosystèmes du cours inférieur de l’Athabasca et du delta des rivières de la Paix et Athabasca, des écosystèmes précieux pour tous leurs habitants, et pour la planète.

© Wilf Schurig / WWF-Canada
La grue blanche (Grus americana), menacée, est une des nombreuses espèces migratoires
qui fréquentent le delta des rivières de la Paix et Athabasca