Équipe OPANO 2013 : les pêcheries en Atlantique Nord-Ouest sur la voie de la durabilité?

C’est cette semaine que se réunissent les 12 membres de l’OPANO (Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest) d’Amérique du Nord, d’Europe, des Caraïbes et d’Asie. Des décisions importantes devraient être prises lors de cette réunion en ce qui touche à la gestion des pêches dans la zone de l’Atlantique Nord-Ouest au-delà des 200 milles marins sous contrôle canadien.

Carte de l'OPANOSource : https://ec.europa.eu/fisheries/cfp/international/rfmo/

L’OPANO a été créée en 1979 par des pays menant des activités de pêche en Atlantique Nord-Ouest, une région d’une superficie à peu près équivalente à celle de l’Argentine.
Quel rôle joue l’OPANO? Les décisions qui seront prises cette semaine seront importantes car elles auront une incidence sur la santé de précieux écosystèmes marins, notamment les Grands Bancs, un groupe de plateaux sous-marins au sud-est de Terre-Neuve – des milieux océaniques magnifiques abritant une myriade d’espèces, du phytoplancton aux espèces commerciales, en passant par les baleines et les oiseaux marins.
On a assisté depuis les 34 dernières années à l’effondrement de plus de la moitié des stocks de poissons dont le groupe avait la gestion, mais ce dernier a récemment entrepris de s’attaquer à des enjeux qui sont au cœur du travail du WWF-Canada dans la région, c’est-à-dire la pêche responsable et la protection de la biodiversité et des habitats marins.
Plus particulièrement, l’OPANO a fermé 18 régions fragiles à la pêche de fond, notamment dans des zones de concentration de coraux et de monts marins. Le groupe prépare par ailleurs des plans de reconstitution de certaines populations d’espèces commerciales comme la morue des Grands Bancs.
Lorsque les objectifs fixés auront été atteints et que la vitalité et la résilience des populations de poissons auront été établies, les espèces pourront de nouveau être pêchées en eaux internationales – limande à queue jaune, morue du cap Flemish, entre autres.

MoruesMorues de l’Atlantique (Gadus morhua), Terre-Neuve © Gilbert Von Ryckevorsel / WWF Canada

Chaque année, le WWF-Canada consulte un éventail d’experts et de délégations reconnues avant de formuler les recommandations qui seront soumises aux groupes décisionnels de l’OPANO et aux quelque 100 délégués de l’Organisation. Cette année, le WWF-Canada attirera l’attention de l’OPANO sur quatre obstacles de taille à surmonter pour assurer la viabilité à long terme des pêches en Atlantique Nord-Ouest :
Il faut de toute urgence prendre des mesures pour résoudre le problème, de longue date, des divergences des données sur les prises, et lever enfin le voile sur le mystère entourant les données réelles.

  1. Il faut réduire l’impact de la pêche au chalut, la méthode la plus pratiquée dans la zone de l’OPANO, dans les régions fragiles (coraux, éponges, monts de mer).
  2. Il faut minimiser l’empreinte actuelle des pêcheries et veiller à l’avenir de cette activité en mettant en place les règles qui en favoriseront le rétablissement progressif.
  3. Il faut étendre la portée de la gestion de l’OPANO de manière à ce qu’elle couvre l’ensemble de l’écosystème, en implantant une méthode écosystémique de gestion des pêches, ce qu’appellent nombre d’outils juridiques et de politiques à l’échelle internationale.

En raison de la complexité structurelle de son processus décisionnel multipartite recherchant l’accord des 12 pays membres, l’OPANO ne peut opérer des virages drastiques. Il y a encore beaucoup à faire pour assurer le rétablissement des Grands Bancs, mais il semble que le vent tourne lentement en direction d’une approche qui placera enfin la vitalité des écosystèmes au centre des décisions en matière de gestion des pêches.