Épaulards, oiseaux et autres migrateurs

Pas trop tôt pour aller dans le sud!
C’est fascinant tout ce que les renseignements transmis par les satellites en orbite autour de la Terre peuvent nous faire découvrir. J’y vois que le troupeau d’épaulards dont nous suivons la trace a passé quelques jours dans un sanctuaire de baleines boréales à 120 kilomètres au sud du village inuit de Clyde River. Ils étaient probablement tous à se gaver d’une carcasse de baleine adulte en prévision du long périple vers le sud qui les mènera au large des côtes de l’Afrique pour y passer l’hiver.
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Itinéraire des épaulards de l’Arctique, 30 septembre 2013.
L’équinoxe d’automne est derrière nous et les journées raccourcissent vite dans l’île de Baffin; la banquise recommence à se former au nord de l’île. « Notre » troupeau d’épaulards est descendu vers la baie Home, au nord de Qikiqtarjuaq (un petit village du Parc national d’Auyittuq où le WWF-Canada a contribué à l’installation de conteneurs d’acier pour entreposer les aliments à l’abri des ours polaires et ainsi réduire les risques de conflits avec les humains).
Je me souviens d’un voyage que j’ai fait en bateau dans la baie de Baffin, à une soixantaine de kilomètres à l’est de la baie Home, et d’y avoir vu, dans le calme du petit matin, mon premier ours polaire vraiment marin – un gros mâle qui nageait patiemment du Groenland au Canada, en droite ligne, sans se soucier de nous. C’est là que j’ai compris que l’ours polaire est davantage un mammifère marin que terrestre!
Killer whale, British Columbia, Canada
©Natalie Bowes/WWF-Canada
J’aimerais bien visiter la baie Home. En tant qu’écologiste spécialisé dans les oiseaux marins, j’étais épaté d’apprendre récemment qu’on y avait observé des nids de mergules nains – cousins des pingouins, ces plus petits membres de la famille des alcidés sont l’équivalent nordique des manchots de l’Antarctique. Alors que je pensais qu’ils nichaient surtout au Groenland, il y en a qui font leur nid ici même, en sol canadien, bien haut dans les anfractuosités des falaises pour rester hors de portée des renards arctiques. Ce n’est qu’un exemple des nombreuses espèces qui ont pour habitat les côtes de l’île de Baffin. Avec ses nombreux fjords et baies, îlots et détroits, cette région abrite plusieurs écosystèmes très productifs pour la chaîne alimentaire marine, des terrains de chasse attrayants pour les épaulards et les ours polaires qui trônent au sommet de la pyramide des prédateurs arctiques.
Little auk, Spitsbergen, Norway
Mergules nains, Spitsberg, Norvège 
© Wild Wonders of Europe /Ole Joergen Liodden / WWF
Maintenant qu’il ne nous reste plus qu’un seul émetteur radio satellitaire pour suivre la trace des épaulards, nous nous croisons les doigts dans l’espoir qu’il ne lâchera pas et continuera de nous transmettre la position du troupeau. Ils pourraient s’engager bientôt dans le détroit de Davis et plonger dans les eaux profondes de l’Atlantique Nord, ou encore continuer vers le sud et longer la côte du Labrador.
Restez branchés pour les prochains épisodes où nous tâcherons de suivre les épaulards de l’Arctique dans leur grande migration d’automne!