Pourquoi signer le manifeste pour sortir de la dépendance au pétrole

Il n’y a plus de doute. Les scientifiques sont unanimes : le climat se dérègle inexorablement en raison de l’activité humaine.
En septembre dernier, 800 des plus grands scientifiques du monde nous l’ont dit et répété. Nous sommes responsables des changements climatiques. Ils sont aussi certains que le réchauffement climatique est une menace réelle, créée par les humains, qu’ils sont convaincus que la cigarette tue. Non seulement les scientifiques s’entendent sur le processus de dérèglement climatique, ils peuvent également démontrer que les effets de ces changements iront bien au-delà d’une simple hausse des températures.
Et c’est impossible de surestimer la menace de ces changements. Il s’agit en fait de la plus importante menace qui pèse aujourd’hui sur la nature et l’humanité. Les populations les plus pauvres et vulnérables seront les premières touchées, comme l’ont été les gens des Philippines lors du passage du typhon Haiyan en novembre dernier.

Super typhoon Haiyan: survivors walk past a ship that lies on top of damaged homesTyphon Haiyan. Source: TheGuardian.com

Ces catastrophes sont de cruels rappels de l’urgente nécessité de réformer en profondeur nos modes de production d’énergie pour adopter de rigoureuses mesures d’efficacité énergétique et nous tourner vers les énergies propres et renouvelables.
On doit donc déplorer le fait que de nombreuses personnalités du Québec aient récemment choisi de publier un manifeste pro-pétrole, militant pour le développement de nos ressources pétrolières comme outil essentiel de création de richesse. Or, investir dans le pétrole et le gaz n’est plus acceptable pour stimuler la croissance.
La bulle financière du carbone
Continuer à investir dans les énergies fossiles ne représente pas seulement une menace environnementale. Il s’agit d’une stratégie d’investissement de plus en plus risquée.
En effet, la planète se trouve dans une bulle spéculative sur le carbone, un genre de problème de subprimes appliqués aux combustibles fossiles. Cela veut dire que les entreprises possèdent plus de réserves de carburant à haute teneur en carbone que le monde peut en consommer si nous voulons assurer un avenir durable. Selon le rapport Unburnable Carbon, émanant de la très respectée Carbon Tracker Initiative de Londres, seulement 20 % des réserves actuelles de combustibles fossiles peuvent encore être brûlées sans risque. Les actifs restants, qui forment l’immense majorité des gisements, sont condamnés à reste inexploités. Certains investisseurs commencent d’ailleurs à s’en inquiéter.

istock_000002572946small_361108© istockphoto / Amazon Film AS

Le basculement vers les énergies renouvelables ne freinera pas la croissance du marché, et pour cause: non seulement le nombre d »emplois créés par unité d’énergie produite est plus élevé dans le cas des renouvelables, mais l’emploi bénéficie déjà du développement du secteur, qui occupe près de six millions de personnes sur la planète. Le fait que le nombre d’emplois occupés dans les technologies propres augmente plus vite que dans les autres secteurs (même la santé), montre qu’une économie bâtie sur de nouveaux investissement ambitieux dans les technologies durables est à la fois efficace et nécessaire.
Le Québec a tout ce qu’il faut pour devenir un leader Nord-Américain et mondial des énergies renouvelables. Nous pouvons faire des gains énormes en efficacité énergétique et nous avons déjà un ambitieux plan pour l’électrification des transports. Au lieu de se lancer dans l’aventure pétrolière, le Québec doit miser sur ses forces et opter pour la mise en valeur des énergies renouvelables. Nous souhaitons que le Québec investisse dans le déploiement de réseaux inelligents et de systèmes énergétiques novateurs qui optimiseront  le potentiel d’économie d’énergie, l’électrification des transports et l’intégration des énergies renouvelables.
C’est pourquoi nous nous joignons aux signataires du Manifeste pour sortir de la dépendance au pétrole.