Conservation des monarques aux États-Unis

À l’occasion de la Semaine du monarque instaurée par le Fonds mondial pour la nature (WWF), du 5 au 9 mai, nous avons rencontré Karen Oberhauser et Wendy Caldwell du Monarch Joint Venture. Les deux scientifiques nous ont parlé de leurs efforts visant à favoriser la reproduction et la migration des papillons monarques aux États-Unis.
Quelles sont les mesures de conservation du monarque qui existent actuellement aux États-Unis?
De nombreuses initiatives importantes de conservation du monarque aux États-Unis sont coordonnées par le projet Monarch Joint Venture (MJV), un partenariat qui regroupe 16 programmes différents menés par des services du gouvernement fédéral et des États, des organismes à but non lucratif et des universités. Ces efforts se déclinent en quatre volets : protection et amélioration des habitats, prolifération des asclépiades et distribution de graines pour créer de nouveaux habitats, soutien à la recherche et suivi des résultats, promotion de divers programmes éducatifs et de sensibilisation citoyenne. Le MJV s’efforce de protéger à la fois les populations migratoires de l’Est, qui vont au Mexique l’hiver, et celles de l’Ouest qui hibernent le long des côtes de Californie.

monarch-in-californiaMonarque (Danaus plexippus), Californie, États-Unis © Hannes Strager

Quels sont les habitats que préfèrent les monarques au cours de leur migration à travers le pays?
Les monarques ont besoin de deux ressources essentielles lorsqu’ils effectuent leur long voyage vers le Sud à l’automne. Ils doivent se gorger de nectar tout au long du périple pour être en mesure de voler, et le parcours doit donc comporter des ressources florales adéquates. Il leur faut aussi des escales sûres pour y passer la nuit et se reposer. Ce sont souvent des arbres à l’orée des forêts, et les mêmes escales peuvent servir année après année, tandis que d’autres endroits sont plus rarement fréquentés. Ces escales se prolongent parfois quelques jours, mais on sait peu de choses sur la durée de séjour de chaque monarque à ces endroits. Quelques-unes de ces escales de monarques dans le nord des États-Unis font l’objet d’une surveillance assidue chaque année. Les plus importants programmes de ce genre sont à Cape May Point (New Jersey) et Peninsula Point (Michigan). Les participants du programme Journey North rapportent leurs observations des monarques qui y font escale chaque automne, et ces rapports constituent un excellent moyen de suivre visuellement leur vol migratoire.
Voici quelques sites Web (en anglais seulement) à ce sujet :
https://www.monarchmonitoringproject.com (Cape May Point)
https://monarchnet.uga.edu/Partners/PeninsulaPoint (Peninsula Point)
https://www.learner.org/jnorth/monarch/index.html (Journey North)
Quels sont les meilleurs endroits où les gens peuvent aller observer la migration des monarques?
Cape May et Peninsula Point, justement, sont fréquentés par les monarques en grand nombre chaque automne et ce sont de bons endroits pour les observer. Étant donné que presque tous les monarques traversent le Texas en route vers le Sud, on peut souvent y voir de grands rassemblements, mais ils ne font pas toujours escale aux mêmes endroits. Durant leur période de reproduction, on peut voir des monarques à peu près partout où il y a des asclépiades. Il est parfois possible de déceler leurs œufs sur les feuilles d’asclépiades, et on y voit souvent des chenilles brouter les feuilles. Les monarques adultes sont friands de ces fleurs dont ils butinent le nectar. Ils s’y posent aussi pour trouver un conjoint ou y pondre leurs œufs.

monarch-on-pink-flowerMonarque (Danaus plexippus), Canada. © Frank Parhizgar / WWFCanada

Qu’est-ce qui vous pousse à travailler à la conservation des monarques avec autant d’enthousiasme?
Wendy : Ma passion pour les monarques est née dans mon enfance, alors que je m’amusais à collectionner et à identifier toutes sortes d’insectes. C’est ce qui m’a amenée à étudier les sciences de l’environnement et à faire mon doctorat en entomologie. J’ai commencé à travailler avec la professeure Karen Oberhauser au Laboratoire des monarques de l’Université du Minnesota. Je me consacre maintenant à la coordination nationale des partenaires du projet Monarch Joint Venture et ma passion pour ces insectes ne cesse de croître, à mesure que s’accomplissent de nouvelles réussites. Ce qui m’inspire, c’est le potentiel qu’ont les monarques de contribuer à la conservation d’une foule de choses à l’échelle internationale.
Karen : J’étudie les monarques depuis 1985 et je suis toujours fascinée par leur étonnante biologie. C’est en partie cette fascination qui me pousse à travailler à leur conservation, mais c’est aussi mon propre cheminement professionnel de biologiste de la conservation. Je crois que les monarques méritent qu’on les protège, à la fois pour des raisons éthiques et pour des motifs plus égoïstes. Du point de vue éthique, j’estime que ce n’est pas parce que nous avons le pouvoir de modifier les écosystèmes au point de provoquer l’extinction d’espèces, que c’est éthique de faire ça. La sauvegarde des monarques est donc la « bonne » chose à faire. Plus égoïstement, en tant que biologiste, je sais que l’étude des monarques peut nous apprendre bien des choses sur les migrations, les interactions entre espèces, la dynamique des populations d’insectes et leur reproduction. Ces papillons ont donc bien des choses à nous enseigner au sujet de la nature et de sa façon de fonctionner, et je crois qu’une meilleure compréhension de la nature et de ses mécanismes est à notre avantage. Enfin, dans une perspective plus globale de conservation, le monarque est emblématique du monde naturel où nous vivons, et aux yeux de bien des gens, il incarne une raison de se mobiliser pour la nature et de la protéger.
Soutenez les efforts de conservation du monarque menés au Mexique par le Fonds mondial pour la nature en faisant un don de 50$ aujourd’hui même!